21 décembre 2009

Villepin en campagne… de proximité.


La posture de « campagne » adoptée actuellement par Dominique de Villepin est intéressante sur le plan de la communication tant celle-ci a su, ces derniers jours, évoluer et s’affirmer dans un style nouveau, empreint de simplicité et de proximité. A l’appui de la très médiatique affaire Clearstream, on connaissait, jusque-là, l'ancien Premier ministre ancré dans son rôle d’opposant (à l’égard à la fois de Nicolas Sarkozy mais également de sa propre formation politique l’UMP), lequel visait, par un débat public personnalisé, à se différencier du parti présidentiel pour exister, à nouveau, sur la scène médiatico politique. Même si cette facette stratégique peut encore se vérifier aujourd’hui (sur le sujet de l’identité nationale notamment « Ce débat n'a pas de sens », « c'est un faux débat », « dans une période de crise, on a autre chose à faire qu'à se diviser sur un sujet aussi important que celui-ci » dixit DDV), une autre se dessine en effet depuis quelques semaines, laquelle tend à inscrire Dominique de Villepin dans une relation de proximité avec les Français, pour les mobiliser puis pour gagner à terme leur adhésion.

C’est ainsi que le style et les codes de communication propres à Dominique de Villepin ont sensiblement évolué :
- d’une part dans la forme aujourd’hui faite de décontraction à l’image de ses tenues vestimentaires, « casual » et moins clichées, qui visent justement, à la veille d’une potentielle campagne présidentielle, à modifier l’image trop « parisienne » un tantinet élitiste qu’il peut encore véhiculer aux yeux de l’opinion ;
- d’autre part, sur le fond, par des déplacements sur le terrain et essentiellement en province (à Bergerac pour un "déjeuner-débat puis à Bordeaux pour une conférence, en Bretagne hier ) dont l’objectif est d’inscrire DDV dans une quotidienneté réelle avec les citoyens électeurs (http://www.clubvillepin.fr/category/deplacement). « Ce qui m’intéresse, ce sont les problèmes des Français aujourd’hui » a-t-il déclaré et répété sur Europe 1 (le 14/12/09). Aussi, l’ancien Premier ministre n’hésite pas à se rendre aujourd’hui dans les quartiers pour rencontrer ses habitants, à échanger avec des artistes, à dialoguer avec des agriculteurs, à défendre avec entrain les ouvriers et à serrer (à chaque fois) les mains bien généreusement : soit une « chirac-isation » volontaire de son image afin de faire découvrir (enfin) l’homme qui se cache derrière le politique.

Cela ne fait aucun doute. Appuyé de son e-réseau (http://www.villepincom.net) et sa mécanique bien huilée, Dominique de Villepin est bel et bien entré en campagne sous le signe du rassemblement, de l’ouverture et du social (crise oblige !), sources évidentes de popularité. Il est fort probable que cette « campagne » devrait s’intensifier aussitôt la séquence des régionales terminée, laquelle devrait en effet annoncer (officiellement) le lancement de la présidentielle de 2012. A suivre donc avec un œil averti. François B.

8 décembre 2009

La marque « UDF » à nouveau au centre du jeu.


A la tête d’un parti (le « Nouveau Centre ») qui peine à exister et à être reconnu par les Français comme une offre politique claire et crédible, Hervé Morin s’est dit, il y a quelques jours, très intéressé par l’idée de racheter la « marque » UDF pour ainsi rebaptiser son propre courant. A la veille des élections régionales de mars 2010 puis celles présidentielles de 2012, ce changement stratégique de nom, souhaité par l’actuel ministre de la Défense, serait en effet une belle opération, en termes d’image mais également sur le plan politique, tant le « Nouveau Centre » souffre, sur l’échiquier politique, d’un cruel manque de notoriété, d’identité et de positionnement. Car même si l’étiquette « UDF » (Union pour la Démocratie Française) peut paraître, à première vue, désuète voire passéiste, celle-ci semble incarner, toujours aujourd’hui, une certaine garantie aux yeux de l’électorat.

Source d’évocations et vecteur de valeurs, l’estampe « UDF » serait même, dans une certaine mesure, un repère pour les consos électeurs. Autrement dit, un gage de caution et de sécurité au moment du passage dans l’isoloir. Une force de marque qui s’est d’ailleurs illustrée lors d’une récente simulation orchestrée par le parti lui-même. Point intéressant en effet. Lorsque le label UDF est accolé aux noms de personnalités politiques (issus donc du « Nouveau Centre »), on constate que ces candidats réalisent des scores comparables à ceux de 2004. Riches d’enseignements, ces résultats montrent d’une part, que l’UDF reste fortement ancrée dans l’opinion publique et d’autre part, que le parti l’emporte sur les personnalités qui le composent. Autrement dit que la marque l’emporte sur ses produits (contrairement par exemple à Georges Frêche qui n’a pas besoin du PS pour exister).

Par conséquent, racheter cette marque politique ombrelle (propriété d’Hervé de Charette depuis 2004) et la relancer aujourd’hui sur le marché, permettrait donc à Hervé Morin et à son courant de gagner la notoriété, l’aura, le crédit, la confiance et la réassurance naturels dont bénéficie naturellement l’UDF. L’Union pour la Démocratie Française, en tant que marque, suggère en effet une représentation mentale qui renvoie à un territoire propre (centre/centre droit), à une histoire commune (courant créé en 1978) et à des figures telles que Le Canuet, JJ Servan Schreiber, Barre et bien sûr VGE. Soit tout un ensemble d’attributs (et d’atouts) qui composent la marque et qui permettraient à l’actuel ministre de la Défense de se positionner clairement sur le marché politique et de capitaliser demain sur une « marque » déjà (bien) installée dans l’esprit des Français (quand on sait le temps qu’il faut pour construire une marque forte, faire du neuf avec du vieux semble être, dans ce cas, la meilleure stratégie à suivre). A l’heure où François Bayrou peine à se positionner et à se « présidentiabiliser », l’enjeu est donc de taille pour Hervé Morin et sa formation politique pour enfin exister et ne plus être « satellisé ». La balle est au centre donc. Affaire à suivre dans les semaines qui viennent. François B.