30 avril 2009

1er Mai - Ségo au dessus de la mêlée


On s’y attendait. Ségolène Royal ne sera pas aux côtés de ses camarades de la rue de Solférino dans le cadre du grand rassemblement « uni » (soit disant annoncé sous la bannière de « la direction rassemblée) du 1er mai, préférant finalement exister dans son fief régional (à Niort, dans sa région, derrière les salariés d’Heuliez) que se perdre dans la masse des dirigeants socialistes. Et donc courir le risque de ne pas attirer l’attention des médias autour de sa personne.

Pour des raisons par ailleurs « valables » selon Bertrand Delanoë, Ségolène Royal se retrouvera donc une nouvelle fois loin de l’image vieillissante du parti et de ses responsables. Décidément, la présidente de région cultive l’art d’être toujours là où on ne l’attend pas, ce qui par définition, suscite naturellement l’intérêt des journalistes toujours en quête d’une information croustillante.

Mais surtout, force est de constater que Ségolène s’arrange toujours à être présente là où le PS n’est pas représenté comme récemment à Washington ou en Guadeloupe. En coulisses, c’est une nouvelle guerre des images qui est donc annoncée. Paris contre la Province. Le collectif contre le personnel. Un parti contre un individu. Celle qui s’est invitée (et non l’inverse) auprès des salariés « humiliés » » et « mortifiés » (de son propre aveu) rêve donc de créer à nouveau l’événement et devancer le PS au journal de 20h demain soir. Affaire à suivre. François B.

29 avril 2009

Ségo ou les risques de l’hyper visibilité


Dans mon dernier post (qui date un peu, les vacances étant passées par là), j’avais souligné l’hyper visibilité et la posture offensive employées, ces derniers temps, par la présidente de région. A l’appui de ces dernières prestations (les excuses très remarquées de la Madone à Dakar puis sur Zapatero) qui visent à installer dans l’opinion le futur duel de la prochaine élection présidentielle (selon un sondage Paris-Match Ifop, « 83% des Français interrogés pensent qu’elle sera encore candidate en 2012 »), Ségolène semble donc être rentrée en campagne profitant, par la même occasion, du vide politique laissé par le PS dans le cadre des européennes (campagne qui définitivement ne passionne pas), pour occuper l’espace médiatique et jouer les premiers rôles quitte parfois à incarner (pas moins) la voix de la France.


Certes, cette stratégie de sur médiatisation (corollaire d’une capacité rare à être au cœur de l’actualité) couplé avec un ton accusateur de plus en plus subversif a fait de Ségolène Royal la meilleure opposante à Nicolas Sarkozy (29% devant Besancenot 26%, selon un récent sondage Viavoice/Libération ). D’aucuns lui reconnaissent en effet sa combativité et sa ténacité politique (qui rappelle celle de Sarkozy pour exister face à Chirac) face à la parole présidentielle. Pour autant, cette radicalisation constatée depuis quelques semaines semble avoir atteint ses limites comme le prouve son dernier coup d’éclat au sujet de Sarkozy et de Zapatero. Ségolène Royal a-t-elle dit le mot de trop ? Autant les Français avaient plus ou moins soutenu les excuses de Dakar perçues alors comme « légitimes » (pour rappel, 61% des sympathisants de gauche l’ont approuvé), autant la socialiste fut, sur ce coup là, totalement « désavouée » comme l’écrit Le Parisien du 26/04 dernier suite à ses nouvelles « excuses » : en effet, d’après un sondage paru dans ce même quotidien, seuls 22% de l’ensemble des Français lui donnent raison et 68% tort. Ségolène en fait-t-elle trop au point de lasser l’opinion ? C’est ce que semble dire un sondage de popularité rendu public ce jour (le 29/04) par l'Express-France Inter. Située à 45%, la cote de popularité de l’ex candidate à l’élection présidentielle baisse en effet de 5 points par rapport au mois dernier, ce qui la laisse à 20 points derrière Martine Aubry.


Ségolène gagne donc en pugnacité mais perd, dans le même temps, en popularité aux yeux des Français et au sein même de ses rangs tels Manuel Valls ou Gérard Collomb, les alliés d’hier qui ont décidé de s’affranchir de la ligne ségoliste de plus en plus isolée. A l’appui de son fantastique ascension de 2006, la popularité a toujours constitué chez Ségolène le socle de sa force politique. Celle-ci semble aujourd’hui s’effriter.


Dès lors, Ségolène doit-elle alors raréfier sa parole pour regagner des points d’image et être, dans le même temps, plus audible ? Etre la première opposante légitime dans un style « Tout sauf Sarkozy » à outrance ou être la plus populaire aux yeux des Français ? Choix cornélien ? Quel est donc le facteur déterminant pour 2011 (soit 2 ans) en vue de la désignation du prochain candidat PS ? Quel est l’axe payant ? Ce doit être l’une des questions du moment au sein de l’équipe rapprochée de Ségolène Royal. Dans la balance, il faudra également mesurer l’importance de la valeur ajoutée même du candidat, celle de proposer un discours de fond, une vision claire et des solutions présentant un projet de société. C’est le socle de la crédibilité politique sur lequel Ségolène doit maintenant s’appuyer dans une prochaine séquence si elle souhaite en gagner en « présidentiabilité ». François B.

8 avril 2009

Ségo, l’incontournable


Ségo est décidément « incontournable ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais les journalistes et même Benoît Hamon, l’actuel porte-parole du PS, qui définit lui-même cette personnalité politique comme tel. Le mot est lâché. Il n’est pas anodin. Dans Le Larousse, « incontournable » se définit ainsi : « Qu’il est impossible de contourner, d’éviter, dont il faut tenir compte ». Les mots ont un sens. Celui-ci a donc une réelle signification politique. Même Martine Aubry, l’ennemie de toujours, qui finalement la respecte « en tant que telle et au-delà » lui reconnaît un certain « culot ». De par ses prises de positions, son énergie et sa sur exposition médiatique, Ségolène Royal ne serait-elle pas finalement en passe de devenir, aux dires de ses anciens rivaux, la vraie numéro 1 ? Celle qui est sur le terrain, audible, lance les débats et s’oppose moins qu’elle ne propose ?


Après la séquence people et ses feuilletons médiatico judiciaires, Ségolène Royal s’illustre maintenant sur la scène politique avec des déclarations pour le moins choc. D’abord sur les récentes séquestrations menées par des salariés puis sur les fameuses « excuses » à l’égard des propos présidentiels. Chez Ségolène désormais, pour (bien) communiquer, il convient surtout de bousculer, déstabiliser voire même (aujourd’hui) provoquer. Sur ce point, je ferai un parallèle avec le Nicolas Sarkozy version 2005 qui, écarté par les chiraquiens, avait alors décidé d’exister sur la scène politique par les médias. « Etre partout à la fois » était devenu sa seule stratégie avec l’obsession quotidienne d’accaparer le plus de micros et de caméras possibles pour alimenter les JT du soir. Sarkozy avait d’ailleurs même su hériter, à l’époque, du surnom de « Speedy ». C’est dire.


Ségolène Royal semble donc opérer la même stratégie, celle qui avait été, par la suite, gagnante pour l’ancien maire de Neuilly. Par ailleurs, le style employé par Ségolène Royal est-il le bon ? Cette question est intéressante à mon sens. En effet, le fait de s’opposer systématiquement et d’une manière de plus en plus virulente à Nicolas Sarkozy est-il une fin en soi ? Même si cette stratégie vous fait de toute évidence exister, celle-ci constitue-t-elle une valeur ajoutée dans la course à la présidentielle ? A terme, je ne le pense pas. Pour séduire l’opinion et gagner son adhésion, la marque doit, à mon sens, s’alimenter et enrichir sa fonctionnalité. Je développerai cette idée dans un prochain post. En tous cas, ouvrez vos yeux et vos oreilles. En ce moment, ce n’est plus le sarko mais le « sego show ». François B.