28 août 2009

Cécile Duflot : un (nouveau) produit politique à suivre… de près.


En déclarant la semaine dernière au quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France (on notera d’ailleurs la pertinence du support par rapport à la cible visée) son souhait de mener la liste écologiste aux élections régionales de mars prochain en Ile de France, Cécile Duflot, actuelle secrétaire nationale des Verts, vient de marquer des points en termes de visibilité et de notoriété, conditions sine qua none pour exister sur le marché politique. Le produit « Cécile Duflot » devient donc attractif. Ce pour 2 raisons, l’une liée à l’image, l’autre à la politique :

En termes d’image d’abord, Cecile Duflot est intéressante :
- parce que la conseillère municipale de Villeneuve St Georges est une femme, laquelle s’inscrit dans une tendance qui tend à faire de la femme l’avenir de l’homme politique ;
- parce qu’elle est jeune (seulement 34 ans) et qu’en ce sens elle s’inscrit naturellement dans un cycle nouveau fait de rénovation et de modernité ;
- parce qu’elle bénéficie d’un contexte porteur dû à la tendance verte et au nouveau poids que constitue désormais la liste écologiste (rappelons qu’aux dernières élections européennes, Europe Ecologie a recueilli près de 20,87% en Ile de France contre 13,57% pour le parti socialiste) ;
- parce qu’elle se différencie sensiblement des marques politiques Bové et Cohn Bendit connus des consos électeurs certes mais au profil si différents (masculins, ancienne génération…).

D’un point de vue politique, Cécile Duflot est également intéressante à suivre parce qu’elle a décidé simplement de s’opposer frontalement à Jean-Paul Huchon, candidat PS sortant, ce qui promet d’ores et déjà un match passionnant. Reste que cette candidature doit maintenant être validée par les Verts et le Mouvement Europe Ecologie. Pour autant, Cécile Duflot se lance dans l’arène politique avec panache. Une victoire (surprise) de la première secrétaire en mars prochain créerait évidemment la surprise sur la scène politique, la ferait exister définitivement aux yeux des français puis des médias et la crédibiliserait pourquoi pas en vue de l’élection présidentielle de 2012. Il y a donc là, pour elle, un vrai coup à jouer. A suivre donc de très près. D’autant qu’elle pourrait être la révélation politique de 2010. François B.

27 août 2009

Un (grand ?) oui pour Martine.


C’est l’information du jour à gauche. A 24 heures de l’université d’été de la Rochelle, Martine Aubry se déclare « favorable » à des primaires « ouvertes » en vue de la désignation du prochain candidat à l’élection présidentielle de 2012. A priori hostile, la première secrétaire sort donc de son silence pour finalement s’inscrire dans un mouvement de fond qui est devenu, ces derniers jours, politique (soutenu par une centaine de personnalités dont Delanoë, Fabius ou encore Cohn-Bendit) et même médiatique (du livre d’Arnaud Montebourg et d’Oliver Ferrand « Primaire, comment sauver la gauche » jusqu’à la pétition des 100, initié par Terra Nova et paru dans l’édition du 26/08 de Libération).

En termes de calendrier, cette prise de position est plutôt bien orchestrée de la part de la numéro 1 du PS. Cette sortie médiatique lui permet en effet :
- de s’inscrire dans une dynamique de rénovation et de profiter, par son aval, d’un souffle de modernité ;
- de ne pas s’isoler du parti aujourd’hui marqué encore par des divisons et des divergences ;
- d’éviter la controverse sur ce sujet dans le cadre de l’université d’été de la Rochelle, de recentrer le débat sur le seul volet programmatique et ainsi attirer l’attention des journalistes sur des sujets de fond. Et donc gagner en crédibilité.
- de réussir la rentrée politique du PS (donc sa propre rentrée), capitale en termes d’image et à titre personnel, aux yeux des médias et des français.

Martine Aubry se dit donc « favorable » à des primaires « ouvertes ». Mais « ouvertes » à qui ? Aux seuls candidats PS ou à l’ensemble des candidats de la gauche? C’est la nouvelle interrogation. La réponse nous viendra probablement ce week-end de la Rochelle. Restons donc sur le coup. François B.

26 août 2009

« PS » : faut-il changer le nom de la marque ?


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A l’heure où le Parti socialiste, toujours en quête de leadership, s’apprête à vivre, à La Rochelle, une nouvelle rentrée politique mouvementée (dû notamment aux débats sur d’éventuelles primaires ouvertes à l’ensemble des sympathisants de gauche), Les Echos publient un sondage Viavoice (daté du 24/08 dernier) fort intéressant, lequel renseigne sur la pertinence actuelle du nom de la marque « PS ». Même si certains quadras du parti, tels Manuel Valls, « militent » activement (ce depuis début 2008), au nom de la rénovation et de la modernité du PS, pour un nouveau blase, les Français semblent être, à l’appui de cette étude, encore attachés à conserver le nom de « parti socialiste ». Selon cette récente enquête, ils sont en effet 73% à souhaiter ne pas changer de nom (contre 22%). Une tendance constatée également à gauche, chez les sympathisants PS, lesquels sont 86% à être hostiles à un nouveau nom.
Riches d’enseignements pour la rue de Solférino et en même temps quelque peu rassurants, ces résultats viennent surtout montrer que la référence « socialiste », dans son aspect idéologique et sémantique, reste fortement ancrée dans l’opinion, ce malgré un manque d’attractivité certain autour de la marque « PS » (cf : sondage/blog). Fort de cette tendance, faut-il donc conserver ce nom de marque ? Quels sont ses atouts aujourd’hui, au-delà de son ancrage chez les Français ? Et pourquoi pas en changer à l’heure où le parti d’Epinay, en quête de renouvellement, traverse justement une période charnière aussi sur le plan idéologique. Je vous livre, à date, mon point de vue de communicant.
Tout d’abord, au-delà de la notoriété, de l’aura, du crédit, de la confiance et de la réassurance naturels dont il bénéficie de par son histoire et ses figures, le « parti socialiste », en tant que nom de marque, a l’avantage de renvoyer à une idéologie précise (le « socialisme ») donc des valeurs dites de gauche (qui lui sont naturellement associées) puis à des références historiques (Jaurès, Mitterrand…) qui permettent au PS (par son seul nom) de se positionner clairement sur l’échiquier politique. Contrairement à des formations comme l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), le Mouvement Démocratique (Modem) ou encore le Nouveau Parti Anti-capitaliste (NPA), le parti socialiste bénéfice, dans son intitulé même, d’une identité différenciatrice lui conférant un territoire de marque précis. La force du nom « PS » repose en effet sur l’incarnation d’une promesse de marque illustrée par une idéologie distincte et un programme a priori clair (basé sur des valeurs telles que la liberté, la solidarité, l’égalité) permettant ainsi au parti d’Epinay de se situer clairement et d’être une garantie aux yeux des consos électeurs. Dès lors, si le parti reste fidèle à son ADN idéologique, son nom ne constitue pas, à mes yeux, un handicap comme peut l’être par exemple le nom de « parti communiste » pour le PC, lequel renvoie à un système économico politique passéiste et à une représentation mentale qui le desservent aujourd’hui. La preuve lors des dernières élections nationales. Par conséquent, changer de nom pour le PS reviendrait, aujourd’hui, à se priver d’un ensemble d’attributs et d’images fortes ancrées dans l’opinion (cf : sondage Viavoice).
En revanche, si le parti socialiste décide de vivre demain son aggiornamento, c’est-à-dire de s’éloigner de son courant initial, de s’affranchir de son idéologie fondatrice et de miser sur l’ouverture comme cela semble, peut-être, être le cas avec François Bayrou et le Modem, alors la question du changement de nom au PS retrouve sa légitimité et mérite donc d’être posée. Le nom du parti doit en effet refléter son positionnement. Etre cohérent avec celui-ci. Souvenons nous que le RPR, l’UDF ou la LCR ont opté, en son temps, pour ces nouveaux noms au moment même où ces formations revoyaient leurs positionnements respectifs sur le marché politique (axées alors sur le rassemblement et l’ouverture dans leur camp). Au-delà du nom du parti, l’essentiel pour le PS est aujourd’hui de revenir aux fondamentaux. A l’essentiel. C'est-à-dire de s’intéresser à nouveau au produit. Au fond plus qu’à la forme. Au contenu plus qu’au contenant afin de définir un socle idéologique et une direction programmatique claires afin de regagner la confiance de l’électorat. Les Français l’attendent. Pour preuve, ils sont 53% d’entre eux (toujours selon le même sondage Viavoice) à faire du « projet » (c'est-à-dire du programme) la seule priorité pour le PS, et ce bien devant la question du leadership (43%). François B.