17 novembre 2009

L’épisode de Dijon : un air de déjà vu.


Que Ségolène Royal profite des « rencontres du rassemblement social, écologique et démocrate » pour créer, par sa seule présence, à nouveau l’événement et ainsi marquer son retour n’est pas vraiment étonnant en soi tant la présidente de région, à l’imprévisibilité aujourd’hui si… prévisible, a toujours su attirer l’attention des Français pour exister dans la sphère politique. La formule « Royal » est d’ailleurs aujourd’hui bien connue (d’Eric Besson, notamment en ce moment, j’y reviendrai dans un prochain post), laquelle consiste à cristalliser en permanence le débat politique pour exister médiatiquement. Autrement dit, « faire scandale » pour faire « l’actu » pour ainsi avoir un temps d’avance. Et devenir, à terme, incontournable : quand on ne parle que de vous, on ne parle en effet plus des autres. Dans ce schéma, l’image de l’homme politique est alors autant déterminée par son écriture médiatique que par le contenu de ce qu’il dit.

Aussi, la venue ce week-end de Ségolène Royal (préparée imagine-t-on de longue date par son staff de communication), ne relève pas, à mes yeux, d’une réelle surprise. En baisse significative dans les sondages depuis un moment, Ségolène Royal était en recherche de visibilité, qui plus est à quelques mois de la cruciale étape des régionales. Un « coup » à forte résonance médiatique devait donc naturellement s’imposer. Pour marquer des points et les esprits.

Ce qui est plus étonnant, en revanche, c’est l’attitude naïve, suis-je franchement tenté d’écrire, des responsables socialistes, ancrés, une nouvelle fois, dans une posture négative, critique voire violente à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Pourquoi une telle réaction à l’égard d’un leader et un tel sentiment de rejet pour celle que l’on dit désormais « seule », « isolée », « en marge du parti » et qui ne fait, finalement, que s’inviter à une réunion d’un courant qu’elle a, elle-même, créé ? Au-delà de l’aspect politique et du choc des égo, les Français sont en, en effet, en droit de se poser la question.

En critiquant vivement Ségolène Royal et en faisant preuve d’un tel ostracisme à son égard (dans une journée rappelons-le dont la promesse était « le rassemblement »), les responsables socialistes n’ont, en réalité, fait que renforcer la singularité de la présidente de région et creuser un peu plus le fossé qui les sépare. Nous revoilà donc (et pas par hasard) dans le même schéma qu’en 2006 lorsque la présidente de région était attaquée sur son statut de femme. Avec d’un côté, Ségolène Royal, la « joyeuse » victime, au-dessus des partis et loin de toute politique politicienne (« il n’y a aucune place entre nous pour les attaques personnelles » répète-t-elle). Et de l’autre, les membres de l’appareil (tel Vincent Peillon), incarnant (de fait) la vieille politique empreinte d’arrogance, de mépris et de distance. Refusant les querelles politiciennes, justement celles dont les Français (et a fortiori le « peuple de gauche ») ne veulent plus, Ségolène Royal se distingue, une nouvelle fois, par la teneur de son message aux antipodes du refrain agressif et archaïque des membres du parti (« je te pardonne pour cette fois mais la prochaine fois, tu ne seras plus là » dira-t-elle à propos de V. Peillon). L’objectif est clair : s’éloigner de la logique de l’appareil et marquer un peu plus sa différence. Toujours et encore.

Après les éléphants DSK et Fabius en son temps, Vincent Peillon s’est donc fait piéger (bêtement) par une Ségolène Royal qui n’en attendait pas tant. Que se serait-il passé, en effet, si l’ex candidate avait été accueillie au même titre que les autres ? Avec le même esprit d’ouverture. Y aurait-il eu le même bruit médiatique. Je ne le pense pas. Décidément, le PS (dans ses instances dirigeantes) manque franchement d’esprit stratège à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Une relecture de Sun Tzu serait de bon augure. François B.

1 commentaire:

  1. intéressant, c'est vrai que les socialos se font toujours avoir par ségolène. on se demande même s'ils ne le font pas exprès par moment

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