2 mars 2011

Mélenchon et "le syndrome Guignol".


Etat des lieux.
« L’offre hors linéaire ».

3 ans ! Voilà donc le temps record qu’aura mis le produit « Mélenchon », à l’appui d’une stratégie de communication bien ficelée, pour passer de l’ombre socialiste à la lumière médiatique qui l’éclaire désormais (depuis maintenant 2008 et son départ du PS) et le rend aujourd’hui visible dans les « linéaires ». Compte tenu de ses expériences passées au poste de sénateur, député et même ministre (!), c’est aussi le peu de temps qu’il aura fallu au leader du Parti de Gauche pour s’affranchir habilement du « système », se façonner logiquement une nouvelle image et se construire une véritable « identité », nécessaire pour exister dans l’esprit du grand public. Car celui, qui s’attache, de façon régulière donc méthodique, à créer l’événement autour de lui pour s’offrir une couverture maximale, a fini en effet par s’approprier un territoire de marque spécifique, celui de la « révolte », de la « colère » ou encore de « l’indignation » permanente : soit une force d’évocations qui, en vue de 2012, lui permet de se positionner, à la gauche de la gauche, comme le seul candidat « rebelle » et « anti-système ». Dès lors, chez Jean-Luc Mélenchon, tout est fait à la fois pour nourrir un peu plus l’image du résistant « seul contre tous » (et donc incarner logiquement la promesse de son parti : « faire front ») et pour amplifier, par ailleurs, sa visibilité, le produit étant rappelons le toujours en quête de notoriété. D’abord, sa posture physique, toujours soigneusement agressive, laquelle est symboliquement bien illustrée par le « doigt pointé » devenu depuis « son » signe distinctif. Ensuite, ses répliques chocs et imagées, lesquelles visent moins à « clouer le bec » de ses interlocuteurs que marquer les esprits pour être massivement reprises des médias. Enfin, ses cibles privilégiées « politiques, journalistes et autres banquiers », auxquels il conseille naturellement (cf : titre de son dernier ouvrage) de « tous s’en aller ». Soit, en définitive, un style direct à la fois en rupture avec l’offre politique existante et en phase avec la conjoncture de crise actuelle, ce qui rend, par conséquent, ce nouveau produit, à la vue tout du moins de son packaging, forcément attractif.

L’enjeu.
« Eviter le syndrome Guignol ».

A la veille « du grand soir » de sa première campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a donc réussi l’une des étapes les plus difficiles pourtant de la construction de l’offre politique, celle qui consiste à trouver pour le candidat un positionnement à la fois différenciant, identifiable et crédible. Passé ce premier socle dit « marketing » nécessaire mais pas suffisant, le leader du Parti de gauche doit pouvoir maintenant, tout en conservant bien sûr sa spécificité de « marque » (c’est-à-dire son « parler vrai »), donner davantage de relief à son action et sa communication. Autrement dit, opter pour une tonalité plus mesurée afin d’être à terme plus audible, le positionnement de « révolté permanent » me paraissant en effet difficilement tenable dans la durée. Finalement, le risque pour Mélenchon est que la forme ne vienne tout simplement cannibaliser le fond. En d’autres termes, que son personnage, caricatural en soi, ne dépasse les traits déjà bien accentués de sa marionnette. C’est ce que j’appelle « le syndrome Guignol » qu’il doit absolument éviter s’il veut vite trouver un écho dans l’opinion, gagner en crédibilité puis rafler des parts de marché. Pour ce faire, il convient pour Mélenchon de relever un nouveau défi, lequel vise à « dé-conceptualiser » ou plutôt à clarifier, suis-je tenté d’écrire, la notion de « révolte » mise en avant en permanence. Est donc venu en effet le temps des propositions fortes et novatrices lesquelles doivent maintenant être préférées aux « coups de gueule », certes « spectaculaires » et générateurs de « buzz », mais qui ne peuvent rythmer et structurer le discours d’un présidentiable crédible. Compte tenu de la crise, de la gronde latente dans le pays et de l’impopularité de l’actuelle gouvernance, « la gauche de la gauche » constitue un créneau politique porteur si tant est que la promesse de « changement », comme fil rouge du « front de gauche », soit maintenant « supportée » (comme on le dit dans la publicité) c'est-à-dire prouvée par des éléments tangibles donc des idées fortes et innovantes illustrant l’élan d’une « gauche » nouvelle, authentique et... à nouveau crédible. Affaire à suivre. Belley.

5 commentaires:

  1. @ François Belley:

    J'ai commencé à te lire avec mépris, j'ai fini la lecture avec plaisir :-)

    Je reviendrai sur ton blog, hop, en favoris :-)

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  2. Merci Alin. En voilà un beau commentaire :-)
    A très vite donc pour les prochains "post".
    Belley.

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  3. C'est intéressant, il faudra que je lise les autres "décryptages".
    Mais même sans cela je note de votre part un affect particulier pour Mélenchon ; il s'agit d'un petit détail très révélateur. cherchez bien cher François ;)

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  4. @Leclown,
    Dès lors qu'une personnalité est atypique (d'autant plus vraie dans la sphère politique), celle-ci m'intéresse. Ce fut d'ailleurs les raisons de mon ouvrage "ségolène la femme marque". Mélenchon fait donc parti de ceux, charismatiques et tribuns, qui génèrent naturellement de l'intérêt. Mais je suis quand même curieux de voir quel détail, en filigrane mais si révélateur, vous a frappé :-). Voilà mon mail perso (francoisbelley@hotmail.fr) n'hésitez pas. @+. Belley.

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  5. Mon cher Punk !!! t'as trop bossé Avenue Georges V ça t'as brouiller la vue, Mélenchon il n'a rien inventé !!! il a juste écouté la rue, je n'approuve pas tout ce qu'il dit, mais sur les banque, il a raison, sur le fait que la bourse affame les peuples, il a raison, quand il dit que la presse a tout les droit, il a raison
    les gens ont marre de la CONNIVENCE !!! et du politiquement correct "ouvre un peu tes oreilles et ferme ta petite bouche"
    putain !!j'ai l'impression que vous êtes autistes !!! tu n'sens pas ce qui se prépare!!
    je te dis mon gars ça pue !!! tu vas dire que je suis parano et que je vois des complots partout parfaitement !! je suis parano et je l'assume

    je t'embrasse (sur la bouche)
    KRAWA

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