20 février 2011

"Urgent. Produit cherche positionnement". F. Bayrou


Etat des lieux.
« Urgent. Produit cherche positionnement ».

Couverture médiatique à son maximum, crédit politique accordé naturellement au candidat, côte de confiance élevée illustrée, de manière concrète, par les résultats « surprise » obtenus au soir du premier tour (18,7%), nul doute que pour François Bayrou la campagne présidentielle de 2007 fut le point culminant de son « cycle de vie ». Passé ce stade euphorique de « maturité produit », le président du Modem est alors entré peu à peu dans une phase de déclin caractérisée, sur le marché politique, par la perte d’attractivité puis la banalisation de son offre aux yeux des « conso-électeurs ». Diminué par la suite par ses échecs retentissants aux élections locales, François Bayrou n’aura donc pas réussi depuis à retrouver la visibilité significative de 2007 et l’espace politique nécessaire aujourd’hui qui lui permettrait d’être, à nouveau, un « outsider » crédible face à la droite et la gauche. Incarnant volontiers le candidat « anti système » qui le rendait hier intéressant aux yeux des Français, le leader du Modem semble avoir définitivement perdu ce positionnement au profit d’une offre qui s’est depuis largement radicalisée. Dépassé sur ce terrain par les populistes M. Le Pen et JL Mélenchon qui assurent désormais « le spectacle » cathodique, François Bayrou est donc à la recherche d’un nouveau souffle et d’un positionnement qui puisse enfin le (re) lancer dans la course de 2012. Le candidat dans sa version 2007, c’est-à-dire « l’omni opposant » qui s’élevait tous azimuts contre « l’establishment », est maintenant bien loin. Incapable en effet de dépasser la séquence de la dernière présidentielle et de s’inscrire dans une dynamique d’avenir, François Bayrou risque fort, par ailleurs, d’être un peu plus marginalisé avec l’officialisation probable des candidatures D. Villepin, JL Borloo ou encore H Morin, les deux premières étant naturellement très attendues des médias. Dans ce contexte, le rebond de l’élu béarnais pour installer un rapport de forces paraît difficilement jouable.

Enjeu.
« Devenir « Monsieur tous les jours » ».

Celui qui, paraît-il, n’a jamais eu « aucun doute sur son destin présidentiel » est donc aujourd’hui confronté à un double enjeu. Le premier est d’ordre politique, puisqu’il s’agit pour François Bayrou de trouver rapidement une place distincte sur le marché électoral, lequel est désormais structuré autour du triptyque « Sarkozy, DSK, Le Pen » aujourd’hui incontournables. Aussi, pour être de nouveau audible et ainsi retrouver de la valeur « présidentielle » aux yeux de l’opinion, François Bayrou va devoir se réapproprier la légitimité du « centre » en insistant sur sa seule valeur ajoutée, celle, contrairement à JL Borloo et H Morin, de ne pas avoir été absorbé par la majorité « ump-isante » et de se positionner ainsi au premier tour comme la seule alternative « crédible » à la bipolarisation de la vie politique française. Le second enjeu concerne l’image perçue, souvent neutre, de François Bayrou, celle du « looser » qu’il devra chasser pour imposer, sur le terrain, un nouveau style plus dynamique et plus proche des gens tout en restant en phase avec les traits réels de son personnage d’ « éleveur » à la dimension provinciale. Aussi, compte tenu de la conjoncture économique actuelle (marquée notamment par les dérives et abus des sphères financières) qui exige un retour « à la normale », François Bayrou peut demain, à mon sens, tout à fait incarner le « candidat du réel » et se positionner comme une offre dite « ordinaire » faite de simplicité, de proximité et d’authenticité. Autrement dit, une posture de « Monsieur tous les jours » au plus proche des gens et donc de leurs préoccupations tranchant, par conséquent, avec les « Sarko » ou « DSK » reconnus comme « coupés de la réalité » des Français. Une stratégie « au milieu du peuple » qui exige, en revanche, de retrousser sérieusement les manches et donc de privilégier une dynamique de terrain plutôt qu’une course maladive dans les médias traditionnels. A savoir maintenant si François Bayrou en a l’envie et les capacités car là résident aussi bien la particularité et le mal des campagnes électorales françaises. Affaire à suivre. François B.

1 commentaire:

  1. Analyse très intéressante.

    J'insisterai sur la notion de cycle : sa forte ascension en 2007 suivait une baisse importante entre 2002 et 2007.

    Gageons qu'une forte ascension en 2012 est tout à fait possible après une baisse importante entre 2007 et 2012.

    Mieux vaut être en position de remonter au bon moment. Exemple : Eva Joly, partie très (trop) tôt, star des médias à la rentrée dernière et depuis en descente perpétuelle en terme d'image et de popularité auprès des Français.

    François Bayrou a cette qualité qu'il semble savoir attendre le bon moment pour se rappeler aux citoyens.

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