Alors que Ségolène Royal ne cache pas son désir d'intégrer
le gouvernement, la majorité des Français ne souhaitent pas voir l'ancienne
candidate à la présidentielle faire son retour en politique d'après une enquête
Harris Interactive pour le magazine Grazia.
Atlantico : Alors que Ségolène Royal fait la couverture du magazine VSD et ne cache plus son désir de revenir au gouvernement, la majorité des Français ne souhaitent pas voir l'ancienne candidate à l'élection présidentielle faire son retour en politique d’après une enquête Harris Interactive menée pour le magazine Grazia. Comment expliquez-vous le mélange d'amour et de haine qu'inspire la personnalité de Ségolène Royal ?
François Belley : Il faut d'abord noter que Ségolène Royal est un produit
totalement à part sur le marché politique. Malgré le nombre d'échecs
retentissants qu'elle a vécu, elle est toujours là. On connaissait son sourire,
les Français ont découvert ses larmes après sa défaite aux primaires, puis aux
législatives. Il n'en demeure pas moins que Ségolène Royal existe toujours
politiquement. Si 64% des Français sont hostiles à son retour, presque 40%
estiment qu'elle pourrait avoir sa place au gouvernement. Un peu comme
Bernard Tapie, Ségolène Royal est une sorte de sphinx qui renaît de
ses cendres. Il y a effectivement de la fascination et de la répulsion
pour Ségolène Royal car c'est un personnage hors normes qui fait de la
politique comme on fait du marketing. Elle a le sens de l' image et sait
jouer avec l'émotion : sourire lorsqu'il le faut, pleurer lorsqu'il le faut.
Par ailleurs, elle reste médiatique grâce à son parcours privé puisqu'elle est
l'ancienne compagne du président de la République actuel.
Dans votre livre, Ségolène la femme marque, vous comparez l'ex-candidate à la présidentielle à une "marque" politique. Est-ce que "la marque Ségolène" est toujours tendance ?
François Belley : Ségolène Royal reste "une marque" pour trois
raisons. La première est son importante notoriété. Elle existe médiatiquement,
donc elle existe politiquement. Deuxième point, son identité politique est
claire pour le "consommateur/ électeur" qui la positionne très
facilement. L'esprit participatif est par exemple associé au personnage. François
Hollande et Martine Aubry sont des "produits" politiques issus du
parti socialiste. A l'inverse, Ségolène Royal n'a pas besoin du parti
socialiste pour exister. Elle existe en tant que "Ségolène" et
non en tant que marque PS. Troisième élément, elle s'inscrit dans la durée.
Daniel Cohn-Bendit est lui aussi une vraie marque politique parce
qu'il a su incarner son "personnage" dans la durée à travers sa
provocation et ses formules. Il a su garder le même cap comme Nicolas Sarkozy
ou Arlette Laguiller dans des registres différents. Ségolène a su également
s’inscrire dans le temps à coup de formules, de provocations et d'images chocs
pour faire mouche. Aujourd'hui, Ségolène Royal reste donc bien une marque,
même si celle-ci est effectivement moins tendance qu'auparavant. Elle a
perdu en crédibilité et en visibilité. Ségolène Royal est forcément moins dans
l'air du temps d'autant plus que le "consommateur électeur"est
versatile.
Malgré les mauvais sondages, Ségolène Royal peut-elle reconstruire son image de marque ?
François Belley : Si demain, elle retourne au gouvernement, il n'est pas
impossible qu'elle redevienne populaire. Comme Manuel Valls, elle pourrait
jouer avec beaucoup de dextérité de la communication et des images. Il serait
intéressant de voir comment les Français apprécieraient son retour de manière
concrète. Ils constateraient probablement qu'elle a de l'expérience et de
l'influence. Elle a été plusieurs fois ministre et a été candidate au second
tour de l'élection présidentielle contre Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal
conserve tous les atouts et les valeurs de "la marque", notamment
sa combativité et sa pugnacité. C'est un gros capital à l'heure où le
Premier ministre et même le président de la République se cherchent un style.
A l'heure où Jean-Marc Ayrault se cherche une âme de chef de guerre, tout le
monde connaît la détermination de Ségolène Royal. Elles est certes moins
attractive qu'avant. Mais il ne serait pas inintéressant de comparer sa cote de
popularité à celle de Michel Sapin ou Laurent Fabius. Le sondage qui vient
d'être réalisé sur son éventuel retour n'est pas forcément inquiétant lorsqu'on
le compare à la cote de popularité du gouvernement et du Président de la
République. Pour gagner en popularité, elle doit maintenant gagner en
proximité. L'ancienne candidate à la présidentielle doit donc sans doute
renouer avec le terrain et l'action pour reconquérir du crédit. Si elle
revient au gouvernement, elle saura créer l'évènement autour d'elle comme
Nicolas Sarkozy lorsqu'il était au pouvoir.
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