23 septembre 2009

De Villepin et l’effet d’annonce (risqué juridiquement mais) réussi.



http://www.youtube.com/watch?v=ZWrNBWxshro

La vidéo de Dominique De Villepin fait le buzz sur le web depuis ce lundi. Aussi, je ne me lancerai pas dans des analyses juridico politiques aussi légères qu’approximatives. En revanche, c’est avec un réel plaisir que je me suis amusé à décrypter cette déclaration choc en termes de communication.

- L’image tout d’abord, sans même le son que j’ai d’ailleurs coupé pour l’exercice.
Créant l’événement par cette prise de parole pour le moins inattendue, Dominique De Villepin apparaît devant les caméras l’air grave mais déterminé, prêt à imposer « sa » vérité et le tempo du procès. Dès lors, sur la forme, tout semble avoir été calculé. La scène est impeccable. L’endroit choisi (la salle du Palais de Justice) est naturellement fort en images et symboles républicains. La posture de l’acteur, illustrée par sa tenue résolument verticale, est sereine : la tête haute et l’allure fière. Le costume donc le stylisme impeccable. Par le teint hâlé de l’ex Premier ministre, le maquillage l’est tout autant. En arrière plan, les figurants (incarnés par la femme et les enfants réunis) viennent avec maestria suggérer le soutien familial indéfectible mais aussi amplifier, par la même, l’aspect émotionnel et solennel de l’instant.

- Le texte *, dont vous trouverez l’intégralité ci-dessous, s’avère tout aussi passionnant à décrypter tant le sens, la sémantique et la force d’évocations des mots ont été soigneusement travaillé par l’auteur, jusqu’à la dernière minute paraît-il même. On connaissait Dominique De Villepin poète écrivain à la prose libre et légère, le (re) voilà donc dans son habit le plus connu, celui d’homme politique à la plume aussi stratège que justicière. En analysant le texte dans une seconde lecture plus minutieuse, 3 points me semblent important à souligner :

1/ Par cette déclaration solennelle, l’ancien Premier ministre rend tout d’abord le procès donc la dite prise de parole simplement historiques dans l’histoire de la Ve République. « Nous sommes ici en 2009 », « …en France », « …le 21 septembre », « …jour anniversaire de la République française », soit des « expressions » temporelles qui renforcent l’aspect extra ordinaire de Clearstream et inscrivent (quelques années après son principal fait d’arme à l’ONU contre la guerre en Irak) De Villepin à nouveau dans l’histoire, attirant de fait l’attention du « peuple français » sur sa personne.

2/ Utilisant massivement la première personne (8 fois « je »), Dominique De Villepin se pose alors, devant l’opinion, en victime d’un système clairement personnalisé (« par la volonté d’un homme […] Nicolas Sarkozy », « par l’acharnement d’un homme […] Président de la République ») faisant ainsi de l’actuel président de la République et potentiel rival en vue de 2012 le symbole personnifié de l’« injustice » et de l’« abus » de pouvoir.

3/ Aussi, en prenant à parti l’opinion de cette manière (c’est-à-dire en orchestrant finalement une vraie conférence de presse avant même le début du procès), l’ancien Premier ministre fait de son combat non pas une « croisade » personnelle mais « le combat de toutes celles et tous ceux qui se battent contre l’injustice […], le combat de toutes celles et tous ceux qui sont victimes de l’abus de pouvoir ». Soit une posture généralisée qui place l’un des accusés les plus médiatiques du procès dans une fonction d’homme d’Etat, investi une nouvelle fois d’une mission empreinte d’égalité, de liberté et de justice. En somme, un discours (aux faux airs de l’historique « J’accuse ») qui permet à De Villepin de dénoncer, de se différencier de son principal concurrent et d’incarner à la fois une alternative, une vision, un sens et une éthique politiques : un axe finalement logique d’un point stratégique tant celui-ci s’inscrit inévitablement dans la dynamique de son retour orchestré (sur le web notamment) depuis déjà quelques mois. Je vous invite donc à (re) visionner la vidéo (avec et sans le son) et à relire le texte pour bénéficier de cette nouvelle grille de lecture. J’attends vos commentaires. François B.

* Déclaration de Dominique de Villepin.
« Nous sommes aujourd’hui le 21 septembre. C’est le jour anniversaire de la République française. C’est aussi le jour dédié par les Nations unies pour la paix dans le monde. J’espère que l’exigence de justice sera au rendez-vous. Je suis ici par la volonté d’un homme, je suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. J’en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français. Certains voudraient croire qu’il n’y a pas dans notre pays de procès politique, je veux le croire aussi et pourtant nous sommes ici en 2009 et nous sommes en France. Je veux redire que mon combat n’est pas un combat personnel, c’est le combat de toutes celles et tous ceux qui se battent contre l’injustice, c’est le combat de toutes celles et tous ceux qui sont victimes de l’abus de pouvoir. La justice est un bien précieux mais c’est aussi un bien fragile qui demande l’engagement de tous. Je sais que la vérité triomphera. Je vous remercie ».

22 septembre 2009

Martine Aubry : maillot « rose » du tour de France.


Martine Aubry n’aura donc pas tardé à répliquer. Aussi, 2 jours seulement après la fête de la fraternité organisée ce week-end par Ségolène Royal, la première secrétaire du parti socialiste a annoncé hier (le 22/09) le lancement de son « tour de France du projet » : soit une rencontre, sur le terrain avec les Français, ce dans une dizaine de grandes villes dont Auch, Cachan, Grenoble ou encore Paris. Ironie du sort ou effet d’annonce (encore), la première étape de cette « grande boucle » politique a démarré à Angoulême. Comprenez sur les terres même de sa rivale, Ségolène Royal. Alors, faut-il voir le signe du hasard si rare en politique ? Je vous laisse vous faire votre opinion sur ce sujet. Quoi qu’il en soit, ce « tour de France du projet » mis en place autour de la première secrétaire est, à mon sens, doublement intéressant :

- Sur le plan de l’image tout d’abord. Souvent critiquée pour sa distance et son « sérieux » (ah, le fameux syndrome Jospin) depuis son élection à la tête du PS, Martine Aubry profitera donc de cette « tournée » politique pour rencontrer les vrais gens. Au programme, des postiers, des écoles primaires et autres hôpitaux. Soit une fantastique opportunité de se faire connaître des Français (au-delà du peuple de gauche) pour découvrir (enfin) la femme qui se cache derrière le personnage parfois austère de la maire de Lille. Aussi, au-delà de sa ligne politique (qui lui est si chère) et sa crédibilité (rarement remise en cause dans les enquêtes d’opinion), l’objectif pour Martine sera de gagner en proximité, en sympathie et en connivence aux yeux des Français : d’une part pour rehausser l’attractivité de la « marque » PS, d’autre part pour construire un socle solide en vue des prochaines échéances électorales. Martine, il faudra donc écouter (attentivement) les Français et leur serrer les mains. Et de façon chiraquienne s’il vous plaît. C’est-à-dire de manière franche, généreuse et passionnée.

- Sur le plan politique maintenant. Par sa mécanique d’étapes, cette escapade est intéressante car celle-ci prend, à quelques mois des primaires ouvertes, des allures de véritable « campagne » d’autant que celle-ci est clairement personnifiée. Au PS, le compte à rebours est donc lancé. Entre Martine et Ségolène, le duel à distance est relancé, si tenté que celui-ci s’était arrêté.
Selon l’entourage de Martine Aubry, l’objectif de cette « grande boucle » est de « construire un projet en dialogue avec les Français, plus en phase avec ce qu’ils attendent ». En clair, prendre, dans un premier temps, le pouls de l’opinion pour construire, dans un second, son offre politique. Par conséquent, faire du marketing de la demande ou plutôt faire du marketing participatif… si cher à Ségolène Royal. Soit une initiative qui ressemble de très près aux forums participatifs orchestrés par l’ex candidate pendant l’élection présidentielle. Décidément, le participatif est vraiment dans l’ère du temps. A suivre donc les prochaines étapes. Pour voir le maillot « rose », ce sera le 09 octobre à Cachan. François B.

21 septembre 2009

Fête de la fraternité (bis). Débrief d’image


En toute « franchitude », j’avoue avoir attendu avec une certaine impatience cette seconde édition de la fête de la fraternité (organisée à l’initiative de Ségolène Royal et Désirs d’Avenir) tant celle de l’an passé avait ébloui mon œil de communicant. Il faut dire qu’à l’époque tout était réuni pour intéresser aussi bien les passionnés de « com politique », les « pro et anti-Ségo », les journalistes que les Français : haut lieu des concerts parisiens (le Zénith), décor théâtralisé, show politique à l’américaine rythmé par une affiche plus qu’improbable (Cali marié à Trust), stand up à la forme et au style aussi décalé que novateur, dress code de la « jeune » et hésitante actrice mi branché mi décontracté (illustré par la désormais célèbre tunique bleue) et formules chocs (sous formes de slogans impactants tels que « fraternité, fraternité ») pour nourrir le débat et créer l’événement. Tout un programme donc avec Ségolène.

Alors à quoi fallait-il vraiment s’attendre cette année avec l’ex candidate à l’élection présidentielle ? Au risque de s’essouffler et de ringardiser un peu plus son image actuellement en perte de vitesse, « la madone » ne pouvait donc réitérer un tel « show » avec les mêmes ficelles marketing. Avec les mêmes recettes de communication. En vue de ce nouveau grand rendez-vous que l’on annonçait plus populaire, le renouvellement était donc le maître mot. C’est pourquoi, ce week-end, la présidente de région a opté pour une rupture totale.

- D’abord sur la forme. Exit les strass et paillettes (corollaire probable de la « défection » du producteur Dominique Besnehard ?), les people (artistes quasi inconnus si ce n’est localement), la personnalisation de la performance illustrée l’an passé par le parti pris du « one woman show » (discours sur estrade sous fond de militants) et, paradoxalement chez Ségolène, la touche bling bling. Période de crise oblige, l’heure était donc avant tout à la sobriété et à la proximité. Les tables un peu « cheap » et les chaises en PVC iront en ce sens. Autre point : le lieu. La douce et chaude ville de Montpellier a remplacé la capitale parisienne dont l’image, jugée élitiste par le staff politique, renvoyait peut-être trop, en termes d’association et d’évocation, à la rue de Solférino, à ses cadres, ses caciques et autres éléphants dont justement l’ex candidate souhaite s’affranchir depuis si longtemps. Autre détail, pas anodin en termes d’image selon moi, celui du discours, orchestré l’an passé en intérieur. Cette année (clémence du temps ou non), il s’est déroulé en plein air comme pour goûter à ce vent de liberté (dans une séquence néanmoins sous le signe de la fraternité) et ainsi mieux suggérer l’indépendance de Ségolène Royal au sein de son parti.

- Maintenant sur le fond. Que peut-on relever ? Trois points intéressants.
Le premier concerne tout d’abord la volonté de Ségolène Royal de s’affranchir à nouveau du PS, « à (le) dépasser » carrément pour faire de Désir d’Avenir « un mouvement puissant » en vue des élections régionales de 2010 puis des présidentielles de 2012. Et de proposer, au-delà d’une machine de guerre politique (indispensable pour toute victoire présidentielle), une alternative au parti socialiste dont elle estime l’organisation et le système dépassés et vieillissants.
Le deuxième élément repose sur la volonté de montrer (à l’appui de ce rendez-vous aux allures par moment de kermesse) que Ségolène, aujourd’hui isolée et abandonnée des cadres (pourtant d’avenir) tels que Valls, Peillon, Rebsamen ou encore Gérard Collomb ou Jean-Noel Guérini, n’est pourtant pas seule. Bien au contraire. « Moi non plus, je ne me sens pas seule » dira-t-elle devant 2000 personnes, signe d’une popularité encore évidente. A l’instar de son ascension éclair de 2006, Ségolène Royal semble vouloir faire une démonstration de force et rejouer l’opinion contre le parti. Change-t-on en effet une « équipe qui gagne » ?

Enfin, un dernier commentaire sur la posture résolument de gauche de la présidente de région. Aussi, les mots autant que les thématiques ont été soigneusement choisis. On entendra ainsi une Ségolène particulièrement remontée dénonçant les « taxes, même rhabillées en vert », montrant du doigt les « banquiers véreux », accusant « le microcosme parisien » (aux allusions pour le moins direct au PS) ou conseillant même le président Sarkozy pour le G20 à « encadrer strictement les bonus […] voire à les interdire ». A l’occasion de cette seconde édition de la fête de la fraternité, Ségolène semble donc être revenue à des préoccupations plus politique dans un style et une formule plus classiques. Autrement dit, privilégier le fond à la forme, une fois n’est pas coutume chez l’ex candidate. Donc un résultat en termes de retombées médiatiques peut-être moins impactant. Avec un buzz, par conséquent, moins important. Martine Aubry lancera-t-elle, dès lors, la seconde édition de son « printemps des libertés » ? That is the question. François B.

9 septembre 2009

« Hold-ups, arnaques et trahisons » ou la gestion d’une communication de crise.


Un ouvrage à l’intitulé choc (technique marketing oblige !) vient de paraître aux Editions du moment. Ecrit à 2 mains par Antonin André et Karim Rissouli, « Hold-ups, arnaques et trahisons » défend donc la thèse selon laquelle « la victoire de Martine Aubry (lors de l’investiture du PS) (aurait) été fabriquée de toutes pièces ». Lourde charge donc à l’encontre de la marque PS et de l’actuelle première secrétaire qui avait justement repris un peu de hauteur et de stature à son retour de la Rochelle. Déjà contesté au sein même de son propre camp, le leadership de la maire de Lille risque donc bien d’être à nouveau (et légitimement) remis en question dans les jours qui viennent.

La parution de cet ouvrage va donc contraindre la N°1 du PS et son état major à sortir de leur silence pour gérer au mieux cette crise qui lie l'image à la politique. Expliquer le fonctionnement des votes. Démontrer que toute tricherie était impossible. Etre clair quant aux résultats. Et se montrer transparent et pragmatique. Un programme somme toute difficile. Chaque mot sera donc pesé, chaque attitude décryptée. Ce par les journalistes, les militants et les Français. Il en va évidemment de la crédibilité (démocratique) du système PS, de l’image du parti (déjà en perte d’attractivité) et de la carrière même de M. Aubry. C’est dire l’enjeu qui se trame derrière ses (graves) révélations.

Concernant Ségolène Royal, la situation est toute autre. Celle qui avait à l’époque dénoncée des tricheries (souhaitant même refaire le vote dans certaines fédérations litigieuses) voit aujourd’hui créditer sa position initiale : celle d’une candidate dupée par son parti, par un système justement qu'elle rejette. Opportuniste, la présidente de région s’est donc aussitôt emparée de cet événement en déclarant sur France 2 : « très sincèrement, j'ai ressenti un choc en pensant aux dizaines de milliers de militants qui se sont fait voler leur vote », ajoutant qu’elle allait préparer une « déclaration solennelle ». Les 2 camps préparent donc leurs ripostes respectives. Juste le temps pour moi de parcourir l’ouvrage cette semaine. Affaire corporate à suivre. François B.

5 septembre 2009

La « femme marque », Ségolène Royal, orchestre son retour politique.


Après la rentrée politique réussie de Martine Aubry et la ré affirmation, au sein du PS, de son statut de numéro 1 (cf : post blog), Ségolène Royal contre-attaque fissa en annonçant donc sa nomination au poste de « Présidente » de son association « Désirs D’avenir », laquelle tend à ressembler de plus en plus à un parti bis. L’objectif de cette nomination (selon Ségolène Royal elle-même) en lieu et place de son avocat Jean-Pierre Mignard : « donner à Désirs d'avenir une dimension internationale et l’intégrer dans les réseaux de think tanks anglo-saxons qui sont très demandeurs de cette expertise (...) qui est assez unique sur les questions démocratiques ». Ca c’est pour la version journalistique serai-je tenté d’ajouter.

En revanche, en termes de communication, cette prise de parole ne relève pas du hasard. Elle intervient dans un calendrier bien précis : juste après le congrès de Reims (et le come back médiatique et pour le moins remarqué de sa première secrétaire Martine Aubry) et quelques jours avant la deuxième édition de sa fête de la fraternité, prévue le 19 septembre. Capitalisant sur le « vrai savoir-faire » et la « vraie compétence technique » (sur le volet participatif notamment) de sa structure associative, Ségolène Royal envoie donc un message politique clair à ses adversaires, celui de s’organiser et de faire de Désirs d’Avenir son principal relais en vue des élections régionales de 2010 puis des présidentielles de 2012.

Consciente en effet que le parti socialiste actuel (dirigé par Martine Aubry, elle-même possible présidentiable sur l’échiquier politique) ne pourra appuyer l’ex candidate dans sa longue marche présidentielle, Ségolène Royal entend donc capitaliser sur sa propre association (de supporters) et ainsi monter en puissance. Dans les semaines qui viennent, l’objectif de Désirs d’Avenir reposera donc, selon moi, sur 3 éléments clés :

1. assurer, à la manière d’un parti politique, une présence massive sur le terrain pour dès aujourd’hui séduire, rassembler et convaincre les sympathisants de gauche en vue des primaires ouvertes. « 2012, c’est demain » avait d’ailleurs prévenu Ségolène Royal au lendemain de sa défaite au poste de Première secrétaire ;
2. exister, à l’appui de cette structure, sur la scène politique. N’oublions pas en effet que Ségolène Royal n’a ni la légitimité (de parole) d’un Premier secrétaire ni celle d’un Parlementaire. Dès lors, Désirs d’Avenir sera censé, en plus de combler l’absence du soutien essentiel d’un parti, conférer et lui apporter du crédit : sa récente nomination au poste de « Présidente » de l’association (en recherche de visibilité et de crédibilité) devant aller aussi en ce sens.
3. évoluer dans le sens du parti (donc plus à contre courant) afin de préserver aux yeux des sympathisants de gauche son image de marque.

A l’instar donc de Nicolas Sarkozy en son temps, Ségolène Royal s’organise, se prépare et orchestre d’une manière stratégique son retour politique. Les vacances sont belles et bien terminées. La course a commencé. Le compte à rebours est lancé. Chaque prise de parole va être minutieusement préparée. Je m’en réjouis à l’avance. François B.

1 septembre 2009

Universités de la Rochelle : Martine impose (enfin) son leadership et reprend la main.


Dans mon post de vendredi dernier, j’annonçai sur ce blog que la rentrée politique de la Rochelle allait être attendue donc décisive pour l’image de la marque PS et celle de sa première secrétaire : le produit Aubry. Contrairement aux derniers grands rendez-vous manqués du parti (élections européennes, investiture du PS, présidentielles, congrès de Reims), cette fois, le PS n’est ni tombé dans la spirale de l’échec ni dans celle de la caricature avec ses divisions et ses petites phrases assassines lesquelles intéressent certes les journalistes mais tendent à lasser aussi les Français. En termes d’image (puisque c’est ce volet qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de ce blog), la première secrétaire a gagné de précieux points en endossant (pour la première fois serai-je tenté d’ajouter) son habit, pourtant légitime, de numéro 1 du parti.

On a vu en effet la maire de Lille s’inscrire dans une dynamique de rénovation (« nous allons la faire de A à Z » promet-elle) souhaitant même le « renouvellement des générations et l’ouverture du parti vers la société ». Un discours sensiblement tourné et porté vers l’avenir (c'est-à-dire vers 2012) avec la volonté de « proposer un autre système de valeurs » : une prise de parole novatrice, dans l’air du temps, qui plus est de gauche, qui ravira même sa rivale de toujours, Ségolène Royal, laquelle qualifiera même (sur France 2) ce week-end de « bonne séquence ». Sur la forme toujours, soulignons également la posture et la prestance, une fois n’est pas coutume, de Martine Aubry qui rappellera à ses camarades de la rue de Solférino qu’il y a bien « un pilote dans l’avion socialiste » (pour reprendre l’expression d’un journaliste de Libération). Et qu’il faudra, par conséquent, compter aussi sur elle pour les prochaines échéances.

Pleine d’initiatives et d’autorité (sans pour autant tombée dans l’autoritarisme), Martine Aubry profite donc de cette rentrée politico médiatique pour imposer son propre style, plus marqué, qui tranche avec le positionnement habituel. Pierre Mauroy, ex premier ministre et figure du parti socialiste, reconnaîtra, à ce titre, le dynamisme de la numéro 1 soulignant que « Martine a la pêche ». Autrement dit qu’elle a changé de ton. Martine gagne donc en crédibilité à la tête d’un parti en pleine (r) évolution à l’image des primaires ouvertes dans son propre camp. J’écris donc tant mieux pour le débat politique. Egalement pour le communicant qui voit l’actuel produit Aubry rester en lice et en course pour 2012. Pour l’analyse, ce n’est pas plus mal non plus. François B.