27 août 2013

Universités d'été : une couverture médiatique largement supérieure à leur intérêt


Les universités d'été des différents partis s'affichent en une des pages politiques et monopolisent une grande partie de l'attention médiatique. Pourtant, peu de décisions fortes devraient être prises, et les querelles d'ego devraient (encore) prendre le dessus.  

Atlantico : La fin du mois d'août marque traditionnellement la période des "universités d'été" des formations politiques. Ces évènements accouchent pourtant rarement de grandes décisions (hormis les années d'élection présidentielle) et ne passionnent pas les foules. Pourquoi donc leur donner un tel éclairage médiatique ?

François Belley : Les universités d’été s’inscrivent dans un contexte de vide médiatique où l’on est surtout dans des thématiques "départs/rentrées". On aura des sujets comme "où est-ce que les ministres passent leurs vacances ?", "quelle tenue décontractée portent-ils ?" et quand ils reviennent "premier conseil des ministres : quel membre du gouvernement a le teint le plus hâlé ?" Le mois d’août est souvent une période où il n’y a pas grand-chose à dire, c’est un mois un peu mort en termes d’actualité des ministres. A part la rentrée et donc le premier conseil des ministres, il n’y a pas grande chose à dire. La vraie et seule question, c’est – à gauche comme à droite – de savoir ce que l’on sort de ces universités d’été. Et comme le suggère votre question, le problème est qu’elles ne s’intègrent pas dans des séquences fortes, même si on est à la veille de municipales. On est dans une période de défiance envers les politiques. Donc, on a une situation de vide de l’actualité politique et des gens qui, dans leur majorité, s’en moquent. On est donc obligé de remplir du vide avec quelque chose qui n’intéresse effectivement pas l’opinion publique.

Comment les médias s'y prennent-ils pour donner un quelconque intérêt à un évènement qui, hormis pour les initiés, n'en a pas ? Y a-t-il une couverture particulière de l'évènement et cela fausse-t-il la perception de la réalité ?

Les médias jouent, pour donner plus d’intérêt à ces universités d’été, sur l’aspect "c’est la rentrée". C’est, visuellement, un des seuls moments de l’année où vous allez voir des politiques avec le teint bronzé, sans cravate, et en chemise. Mais qu’est-ce qui va ressortir sur le fond et quel impact sur les Français ? A mon avis, pas grand-chose, d’où le manque d’intérêt. Par contre, les rentrées politiques et les universités d’été gardent un côté très traditionnel et sont souvent l’occasion de créer une première dynamique.

Les universités d'été sont aussi le moment – en principe – d'une réflexion poussée sur certaines thématiques. Pourtant, les conclusions des séminaires, tables rondes ou autres ne sont presque jamais abordés dans la presse. Pourquoi cette ignorance, alors que le grand public ne se montre pas passionné par les querelles d'ego ?

C’est en effet une vraie question. Je crains que le problème soit que le fond du contenu politique ne rentre pas dans les formats médiatiques comme un "30 secondes" au "20 heures" où un article de journal écrit. C’est dommage car c’est peut-être là que se trouve les vraies propositions, et c’est cela que les Français attendent. Malheureusement, bien que les gens soient lassés des querelles d’ego, je pense que la forme continue de l’emporter sur le fond. Pour dépasser la forme, il faut avoir une vraie culture politique, savoir dépasser le raccourci, être dans l’analyse… Pour que les choses changent vraiment, il faut que s’enclenche un cercle vertueux, qui poussera la presse à changer et à aller plus vers des questions de fond, et à ne pas devoir tout réduire à des contenus rapidement compréhensible à un titre accrocheur ou à un "tweet" de 140 caractères.

Cette couverture massive d'un évènement perçu comme peu significatif est-il le signe d'une coupure entre les journalistes politiques et l'opinion publique, ou d'une fascination des Français pour la vie politique amenant les médias à couvrir à tout prix des sujets sur ce thème, même mineurs, en période de rentrée ?
On a vu dans les derniers sondages une vraie défiance des Français à l’égard des hommes politiques que l’on associe volontiers à la corruption. Pourtant, dans le même temps, les Français continuent de se passionner pour la politique. La France et le pays qui, avec les États-Unis, publie le plus de sondage politique chaque année et certaines élections atteignent encore une participation très importante. Il y a vraiment un intérêt "en fil rouge" pour la politique. On est donc obligé de traiter le sujet dans les médias. Il y a une très forte demande de l’opinion pour des sujets politiques. C'est sûr, la période peu propice fait que tous les journaux se retrouvent à faire leur une sur ce sujet peu intéressant, alors que si l’on regarde l’actualité dans le monde, il y aurait bien d’autres sujets à traiter, ce qui créé ce sentiment de décalage.

Propos recueillis par Damien Durand
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Les universités d'été des différents partis s'affichent en une des pages politiques et monopolisent une grande partie de l'attention médiatique. Pourtant, peu de décisions fortes devraient être prises, et les querelles d'ego devraient (encore) prendre le dessus.
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