Affichage des articles dont le libellé est PS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est PS. Afficher tous les articles

20 janvier 2016

Manuel Valls, l'homme pour qui la politique est communication

INTERVIEW DONNE A ATLANTICO LE 18.01.2016

Présent sur le plateau d'On n'est pas couché samedi soir, Manuel Valls a confirmé une fois de plus son appétence et sa maîtrise de la communication politique. Homme politique ancré dans son temps, celui de l'immédiateté, du buzz et de la toute-puissance des médias, le Premier ministre ne cesse jamais de penser à son image de marque personnelle. Au risque de vider la parole politique de son sens.

1-D'une manière générale, comment pourrait-on qualifier la communication de Manuel Valls ?
Je dirais que la communication de Manuel Valls est avant tout cohérente. Elle était déjà cohérente lorsqu’il était au Ministère de l’Intérieur. Elle est aujourd’hui cohérente à Matignon. Quelles que soient ses responsabilités, Manuel Valls reste en effet raccord avec son positionnement de « Monsieur Sécurité » à la droite de la gauche avec ce sourire quasi inexistant, cette mâchoire serrée, ce sourcil froncé, ce poing serré et ce regard parfois noir. Cette posture propre à Manuel Valls doit pouvoir nourrir cette image qui le rend si singulier dans « les linéaires politiques ». Dans sa stratégie de présidentialisation, Manuel Valls cultive donc en permanence les 3 postures importantes d’un leader : celles de la gravité d’Etat, de la fermeté du Chef et de la détermination politique.
Manuel Valls est un vrai communicant. C’est ce qui le distingue des autres ministres. Il a l'expérience, celles notamment de directeur de la communication de Lionel Jospin et de directeur de la  campagne de François Hollande. Il connaît donc la force de l’image. Fait nouveau par rapport à la génération précédente, qui plus est à gauche, Manuel Valls assume complètement cette communication décomplexée, un peu comme Ségolène Royal dans sa version 2006/2007. Comme elle à l'époque, chez Manuel Valls, tout est politique, à commencer par sa communication. L'axe de la sécurité au sein du PS, le changement de nom du parti, c'est lui. A l’instar de Nicolas Sarkozy lors de son passage au Ministère de l’Intérieur, le Premier ministre sait  donc attirer l'attention et créer sur lui la visibilité nécessaire pour nourrir son statut de personnage présidentiable.
2- Pour Manuel Valls, la politique est communication et la manière de dire les choses importe autant que le discours lui-même. A quoi cela mène-t-il selon vous ? Y a-t-il un risque de voir l'action politique vidée de son sens ?
Manuel Valls a compris que nous vivions dans une société d’image où le signe l’emporte sur le sens. Et contrairement à Lionel Jospin dont il était le chargé de communication, Manuel Valls a bien intégré l’importance de cette image médiatique dans l’action politique. Chez Manuel Valls, la forme est donc tout aussi importante que le fond. Il a intégré la twitterisation de la vie politique où il faut exister en continu. Et vite. Alors, Manuel Valls occupe l'espace. Mais ce phénomène est visible partout ailleurs, surtout dans l’univers des marques commerciales. C’est le syndrôme des réseaux sociaux. Pour exister, il faut être vu.   
Selon moi, il y a urgence de réhabiliter l'homme politique. Pour cela, il faut de l’action, du courage, du terrain, de l’engagement. Au sein des états majors des partis politiques, on devrait pouvoir écrire partout sur les murs : « moins de parole. Plus d'actes ». Le risque, on le connait. On le vit aujourd’hui : désintérêt, discrédit, défiance, abstention…
3- Peut-on dire que la tendance de Manuel Valls à confondre politique et communication est représentative de l'époque que nous vivons ?
Manuel Valls est simplement dans son époque. L'époque est à l'immédiateté. Alors, il va vite. L’époque est à l'ultra communication. Alors, il communique. L’époque est au buzz. Alors, il multiplie les petites phrases et les mots choc (rappelons nous les
termes de « kyste », « mafia » ou encore « gangrène » qu’il avait utilisés, comme N. Sarkozy avec «  racaille » et « karcher » en son temps). L’époque est au Spectacle. Alors, il va chez Laurent Ruquier pour toucher le plus grand monde, parler à ceux qui ont décroché de la politique et enfin pour créer l’événement par un accrochage, une déclaration ou une image forte. A titre de comparaison, Lionel Jospin, lors de la campagne présidentielle de 2002, avait refusé d’aller chez Michel Drucker.  Contrairement à Lionel Jospin, Manuel Valls est un "bon client" pour les médias.
4 - Manuel Valls se réclame souvent de Georges Clémenceau. Qu'y a-t-il derrière cette comparaison ? Comment expliquer cette fascination ?
En politique, les références historiques ne manquent pas, de Jeanne d’Arc en passant par Jaurès, De Gaulle ou encore Mitterrand. Ces références sont forces d’évocations et d’images. Elles nourrissent le storytelling de l’homme politique mais également l’imaginaire de l’opinion. L’homme politique joue en permanence avec les symboles, surtout lorsqu'il est en campagne. Ainsi, l'homme politique aime faire référence à des hommes, des lieux, des discours également. George Clémenceau, c’est l’histoire de France, la République, surtout un destin hors norme. George Clémenceau, c’est le « tigre ». Et le tigre, c’est l’animal rapide et puissant que l’on dit aussi imprévisible. S’associer au « Tigre » n’est donc pas un hasard. « La politique c’est du sérieux » dit Manuel Valls. Et chez Manuel Valls, il ne faut pas l'oublier, tout est politique. 

27 août 2013

Universités d'été : une couverture médiatique largement supérieure à leur intérêt


Les universités d'été des différents partis s'affichent en une des pages politiques et monopolisent une grande partie de l'attention médiatique. Pourtant, peu de décisions fortes devraient être prises, et les querelles d'ego devraient (encore) prendre le dessus.  

Atlantico : La fin du mois d'août marque traditionnellement la période des "universités d'été" des formations politiques. Ces évènements accouchent pourtant rarement de grandes décisions (hormis les années d'élection présidentielle) et ne passionnent pas les foules. Pourquoi donc leur donner un tel éclairage médiatique ?

François Belley : Les universités d’été s’inscrivent dans un contexte de vide médiatique où l’on est surtout dans des thématiques "départs/rentrées". On aura des sujets comme "où est-ce que les ministres passent leurs vacances ?", "quelle tenue décontractée portent-ils ?" et quand ils reviennent "premier conseil des ministres : quel membre du gouvernement a le teint le plus hâlé ?" Le mois d’août est souvent une période où il n’y a pas grand-chose à dire, c’est un mois un peu mort en termes d’actualité des ministres. A part la rentrée et donc le premier conseil des ministres, il n’y a pas grande chose à dire. La vraie et seule question, c’est – à gauche comme à droite – de savoir ce que l’on sort de ces universités d’été. Et comme le suggère votre question, le problème est qu’elles ne s’intègrent pas dans des séquences fortes, même si on est à la veille de municipales. On est dans une période de défiance envers les politiques. Donc, on a une situation de vide de l’actualité politique et des gens qui, dans leur majorité, s’en moquent. On est donc obligé de remplir du vide avec quelque chose qui n’intéresse effectivement pas l’opinion publique.

Comment les médias s'y prennent-ils pour donner un quelconque intérêt à un évènement qui, hormis pour les initiés, n'en a pas ? Y a-t-il une couverture particulière de l'évènement et cela fausse-t-il la perception de la réalité ?

Les médias jouent, pour donner plus d’intérêt à ces universités d’été, sur l’aspect "c’est la rentrée". C’est, visuellement, un des seuls moments de l’année où vous allez voir des politiques avec le teint bronzé, sans cravate, et en chemise. Mais qu’est-ce qui va ressortir sur le fond et quel impact sur les Français ? A mon avis, pas grand-chose, d’où le manque d’intérêt. Par contre, les rentrées politiques et les universités d’été gardent un côté très traditionnel et sont souvent l’occasion de créer une première dynamique.

Les universités d'été sont aussi le moment – en principe – d'une réflexion poussée sur certaines thématiques. Pourtant, les conclusions des séminaires, tables rondes ou autres ne sont presque jamais abordés dans la presse. Pourquoi cette ignorance, alors que le grand public ne se montre pas passionné par les querelles d'ego ?

C’est en effet une vraie question. Je crains que le problème soit que le fond du contenu politique ne rentre pas dans les formats médiatiques comme un "30 secondes" au "20 heures" où un article de journal écrit. C’est dommage car c’est peut-être là que se trouve les vraies propositions, et c’est cela que les Français attendent. Malheureusement, bien que les gens soient lassés des querelles d’ego, je pense que la forme continue de l’emporter sur le fond. Pour dépasser la forme, il faut avoir une vraie culture politique, savoir dépasser le raccourci, être dans l’analyse… Pour que les choses changent vraiment, il faut que s’enclenche un cercle vertueux, qui poussera la presse à changer et à aller plus vers des questions de fond, et à ne pas devoir tout réduire à des contenus rapidement compréhensible à un titre accrocheur ou à un "tweet" de 140 caractères.

Cette couverture massive d'un évènement perçu comme peu significatif est-il le signe d'une coupure entre les journalistes politiques et l'opinion publique, ou d'une fascination des Français pour la vie politique amenant les médias à couvrir à tout prix des sujets sur ce thème, même mineurs, en période de rentrée ?
On a vu dans les derniers sondages une vraie défiance des Français à l’égard des hommes politiques que l’on associe volontiers à la corruption. Pourtant, dans le même temps, les Français continuent de se passionner pour la politique. La France et le pays qui, avec les États-Unis, publie le plus de sondage politique chaque année et certaines élections atteignent encore une participation très importante. Il y a vraiment un intérêt "en fil rouge" pour la politique. On est donc obligé de traiter le sujet dans les médias. Il y a une très forte demande de l’opinion pour des sujets politiques. C'est sûr, la période peu propice fait que tous les journaux se retrouvent à faire leur une sur ce sujet peu intéressant, alors que si l’on regarde l’actualité dans le monde, il y aurait bien d’autres sujets à traiter, ce qui créé ce sentiment de décalage.

Propos recueillis par Damien Durand
Les universités d'été des différents partis s'affichent en une des pages politiques et monopolisent une grande partie de l'attention médiatique. Pourtant, peu de décisions fortes devraient être prises, et les querelles d'ego devraient (encore) prendre le dessus.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/universites-ete-tous-partis-couverture-mediatique-largement-superieure-interet-francois-belley-823471.html#43gFyHi6xYt6Rrjm.99
Les universités d'été des différents partis s'affichent en une des pages politiques et monopolisent une grande partie de l'attention médiatique. Pourtant, peu de décisions fortes devraient être prises, et les querelles d'ego devraient (encore) prendre le dessus.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/universites-ete-tous-partis-couverture-mediatique-largement-superieure-interet-francois-belley-823471.html#43gFyHi6xYt6Rrjm.99

7 janvier 2013

La marque "Ségolène" est-elle vraiment has-been ?

INTERVIEW SUR ATLANTICO LE 06.01.2013.



Alors que Ségolène Royal ne cache pas son désir d'intégrer le gouvernement, la majorité des Français ne souhaitent pas voir l'ancienne candidate à la présidentielle faire son retour en politique d'après une enquête Harris Interactive pour le magazine Grazia.

 

Atlantico : Alors que Ségolène Royal fait la couverture du magazine VSD et ne cache plus son désir de revenir au gouvernement, la majorité des Français ne souhaitent pas voir l'ancienne candidate à l'élection présidentielle faire son retour en politique d’après une enquête Harris Interactive menée pour le magazine Grazia. Comment expliquez-vous le mélange d'amour et de haine qu'inspire la personnalité de Ségolène Royal ?


François Belley : Il faut d'abord noter que Ségolène Royal est un produit totalement à part sur le marché politique. Malgré le nombre d'échecs retentissants qu'elle a vécu, elle est toujours là. On connaissait son sourire, les Français ont découvert ses larmes après sa défaite aux primaires, puis aux législatives. Il n'en demeure pas moins que Ségolène Royal existe toujours politiquement. Si 64% des Français sont hostiles à son retour, presque 40% estiment qu'elle pourrait avoir sa place au gouvernement. Un peu comme Bernard Tapie, Ségolène Royal est une sorte de sphinx qui renaît de ses cendres. Il y a effectivement de la fascination et de la répulsion pour Ségolène Royal car c'est un personnage hors normes qui fait de la politique comme on fait du marketing. Elle a le sens de l' image et sait jouer avec l'émotion : sourire lorsqu'il le faut, pleurer lorsqu'il le faut. Par ailleurs, elle reste médiatique grâce à son parcours privé puisqu'elle est l'ancienne compagne du président de la République actuel.

 

Dans votre livre, Ségolène la femme marque, vous comparez l'ex-candidate à la présidentielle à une "marque" politique. Est-ce que "la marque Ségolène" est toujours tendance ?


François Belley : Ségolène Royal reste "une marque" pour trois raisons. La première est son importante notoriété. Elle existe médiatiquement, donc elle existe politiquement. Deuxième point, son identité politique est claire pour le "consommateur/ électeur" qui la positionne très facilement. L'esprit participatif est par exemple associé au personnage. François Hollande et Martine Aubry sont des "produits" politiques issus du parti socialiste. A l'inverse, Ségolène Royal n'a pas besoin du parti socialiste pour exister. Elle existe en tant que "Ségolène" et non en tant que marque PS. Troisième élément, elle s'inscrit dans la durée. Daniel Cohn-Bendit est lui aussi une vraie marque politique parce qu'il a su incarner son "personnage" dans la durée à travers sa provocation et ses formules. Il a su garder le même cap comme Nicolas Sarkozy ou Arlette Laguiller dans des registres différents. Ségolène a su également s’inscrire dans le temps à coup de formules, de provocations et d'images chocs pour faire mouche. Aujourd'hui, Ségolène Royal reste donc bien une marque, même si celle-ci est effectivement moins tendance qu'auparavant. Elle a perdu en crédibilité et en visibilité. Ségolène Royal est forcément moins dans l'air du temps d'autant plus que le "consommateur électeur"est versatile.

 

Malgré les mauvais sondages, Ségolène Royal peut-elle reconstruire son image de marque ?


François Belley : Si demain, elle retourne au gouvernement, il n'est pas impossible qu'elle redevienne populaire. Comme Manuel Valls, elle pourrait jouer avec beaucoup de dextérité de la communication et des images. Il serait intéressant de voir comment les Français apprécieraient son retour de manière concrète. Ils constateraient probablement qu'elle a de l'expérience et de l'influence. Elle a été plusieurs fois ministre et a été candidate au second tour de l'élection présidentielle contre Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal conserve tous les atouts et les valeurs de "la marque", notamment sa combativité et sa pugnacité. C'est un gros capital à l'heure où le Premier ministre et même le président de la République se cherchent un style. A l'heure où Jean-Marc Ayrault se cherche une âme de chef de guerre, tout le monde connaît la détermination de Ségolène Royal. Elles est certes moins attractive qu'avant. Mais il ne serait pas inintéressant de comparer sa cote de popularité à celle de Michel Sapin ou Laurent Fabius. Le sondage qui vient d'être réalisé sur son éventuel retour n'est pas forcément inquiétant lorsqu'on le compare à la cote de popularité du gouvernement et du Président de la République. Pour gagner en popularité, elle doit maintenant gagner en proximité. L'ancienne candidate à la présidentielle doit donc sans doute renouer avec le terrain et l'action pour reconquérir du crédit. Si elle revient au gouvernement, elle saura créer l'évènement autour d'elle comme Nicolas Sarkozy lorsqu'il était au pouvoir.

6 novembre 2012

Trois conseils à Jean-Marc Ayrault pour réussir son passage au 20 heures de TF1


TRIBUNE LIBRE DANS L'EXPRESS. 


[Express Yourself] L'apparition de Jean-Marc Ayrault ce mardi, au journal télévisé de TF1 de 20 heures, s'inscrit dans un contexte difficile. Non seulement la situation économique est complexe, mais le thème de la compétitivité est un sujet peu accessible et assez éloigné du quotidien des Français. En plus de cela, le Premier ministre souffre d'un triple déficit d'image, que l'on peut qualifier de CSP: c'est-à-dire un manque à la fois de Crédibilité, de Style et de Popularité.
Que peut-il faire pour réussir malgré tout son intervention télévisée?

Allier la forme au fond pour asseoir sa crédibilité

Comme François Hollande rattrapé par la sur-promesse du "changement, c'est maintenant", Jean-Marc Ayrault est en quête de crédibilité. Les "couacs" à répétition du gouvernement et sa difficulté à gérer ses troupes interrogent les Français: est-ce-que l'habit de Premier ministre ne serait pas un peu large pour cet homme-là?
Pour retrouver un peu de cette crédibilité, il va lui falloir incarner son discours. En clair, que la forme serve le fond. On ne peut pas parler de compétitivité sans être offensif. Le choix des mots sera capital et son attitude primordiale. Il faudra donc qu'il ait plus que jamais une posture d'homme d'action, ambitieux, ferme et déterminé. L'enjeu est de prouver ce soir qu'il est l'homme de la situation.

Ne pas lésiner sur l'affect pour imposer son style

A la différence de Manuel Valls qui a su très vite imprimer sa marque et être identifiable, le Premier ministre manque aujourd'hui de style. On ne parvient pas bien à le positionner dans l'offre politique actuelle.
Au fond qu'est-ce qui le différencie des autres? Le Premier ministre est souvent qualifié de "trop froid", "trop rigide", "trop distant". Il doit plus que jamais intégrer de l'émotion à son discours, au risque de connaître très vite le syndrôme Jospin, qui préférait jadis trop l'intellect à l'affect. Dans une période de crise sans précédent, les Français ont certes besoin de leadership et de vision, mais aussi de passion. Autrement dit, d'un homme qui crée l'adhésion et fédère autour de lui. Jean-Marc Ayrault va devoir susciter un élan, une dynamique pour imposer son propre style. Et vite.

S'installer au premier plan médiatique, pour relancer sa popularité

Jean-Marc Ayrault a encore perdu 7 points de popularité, selon le dernier baromètre TNS Sofres/Le Figaro Magazine du mois de novembre. Ce JT n'est pas une fin en soi mais il doit plutôt se voir comme le début d'une "séquence Ayrault". Le Premier ministre doit reprendre la main sur le tempo médiatique, et faire de ses annonces de véritables séquences politiques fortes en les illustrant symboliquement sur le terrain.
Comme le sujet est complexe et que le medium télévisuel ne permet pas tellement d'être pédagogue, il conviendra surtout de multiplier ce soir les formules et les images fortes pour convaincre. L'explication viendra après.

17 novembre 2009

L’épisode de Dijon : un air de déjà vu.


Que Ségolène Royal profite des « rencontres du rassemblement social, écologique et démocrate » pour créer, par sa seule présence, à nouveau l’événement et ainsi marquer son retour n’est pas vraiment étonnant en soi tant la présidente de région, à l’imprévisibilité aujourd’hui si… prévisible, a toujours su attirer l’attention des Français pour exister dans la sphère politique. La formule « Royal » est d’ailleurs aujourd’hui bien connue (d’Eric Besson, notamment en ce moment, j’y reviendrai dans un prochain post), laquelle consiste à cristalliser en permanence le débat politique pour exister médiatiquement. Autrement dit, « faire scandale » pour faire « l’actu » pour ainsi avoir un temps d’avance. Et devenir, à terme, incontournable : quand on ne parle que de vous, on ne parle en effet plus des autres. Dans ce schéma, l’image de l’homme politique est alors autant déterminée par son écriture médiatique que par le contenu de ce qu’il dit.

Aussi, la venue ce week-end de Ségolène Royal (préparée imagine-t-on de longue date par son staff de communication), ne relève pas, à mes yeux, d’une réelle surprise. En baisse significative dans les sondages depuis un moment, Ségolène Royal était en recherche de visibilité, qui plus est à quelques mois de la cruciale étape des régionales. Un « coup » à forte résonance médiatique devait donc naturellement s’imposer. Pour marquer des points et les esprits.

Ce qui est plus étonnant, en revanche, c’est l’attitude naïve, suis-je franchement tenté d’écrire, des responsables socialistes, ancrés, une nouvelle fois, dans une posture négative, critique voire violente à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Pourquoi une telle réaction à l’égard d’un leader et un tel sentiment de rejet pour celle que l’on dit désormais « seule », « isolée », « en marge du parti » et qui ne fait, finalement, que s’inviter à une réunion d’un courant qu’elle a, elle-même, créé ? Au-delà de l’aspect politique et du choc des égo, les Français sont en, en effet, en droit de se poser la question.

En critiquant vivement Ségolène Royal et en faisant preuve d’un tel ostracisme à son égard (dans une journée rappelons-le dont la promesse était « le rassemblement »), les responsables socialistes n’ont, en réalité, fait que renforcer la singularité de la présidente de région et creuser un peu plus le fossé qui les sépare. Nous revoilà donc (et pas par hasard) dans le même schéma qu’en 2006 lorsque la présidente de région était attaquée sur son statut de femme. Avec d’un côté, Ségolène Royal, la « joyeuse » victime, au-dessus des partis et loin de toute politique politicienne (« il n’y a aucune place entre nous pour les attaques personnelles » répète-t-elle). Et de l’autre, les membres de l’appareil (tel Vincent Peillon), incarnant (de fait) la vieille politique empreinte d’arrogance, de mépris et de distance. Refusant les querelles politiciennes, justement celles dont les Français (et a fortiori le « peuple de gauche ») ne veulent plus, Ségolène Royal se distingue, une nouvelle fois, par la teneur de son message aux antipodes du refrain agressif et archaïque des membres du parti (« je te pardonne pour cette fois mais la prochaine fois, tu ne seras plus là » dira-t-elle à propos de V. Peillon). L’objectif est clair : s’éloigner de la logique de l’appareil et marquer un peu plus sa différence. Toujours et encore.

Après les éléphants DSK et Fabius en son temps, Vincent Peillon s’est donc fait piéger (bêtement) par une Ségolène Royal qui n’en attendait pas tant. Que se serait-il passé, en effet, si l’ex candidate avait été accueillie au même titre que les autres ? Avec le même esprit d’ouverture. Y aurait-il eu le même bruit médiatique. Je ne le pense pas. Décidément, le PS (dans ses instances dirigeantes) manque franchement d’esprit stratège à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Une relecture de Sun Tzu serait de bon augure. François B.

4 mars 2009

Quel bilan ?


Entre l’échec du congrès de Reims, la victoire à l’arrachée de Martine Aubry au poste de Première secrétaire, la mise à l’écart (volontaire ?) de Ségolène et des « Royalistes » lors du Conseil national du Parti, que retenir, sur le plan de l’image, de cette dernière séquence socialiste, fortement médiatisée mais pour le moins agitée :- l’érosion de la marque « PS », en termes de désirabilité et d’attractivité, au sein de l’opinion publique. Comment en être autrement ? Après le fiasco du congrès de Reims, le manque de prise de position et de réactivité face à la crise (sujet pourtant porteur pour la gauche), les batailles de personnes, les divisions internes, le triste spectacle du second tour (entre les vrais faux gagnants), force est de constater que l’estampe PS s’est associée, ces derniers jours, à ce qui se fait de pire en politique entre les manœuvres d’appareil, les tricheries et les guerres fratricides. Dès lors, selon le dernier baromètre Sofres paru le 04/12, « seuls 33% des Français ont une bonne image du Parti socialiste » (versus 40% en septembre dernier). Pour un parti qui n’est pas au pouvoir à l’échelle nationale, c’est rare d’atteindre un tel score d’impopularité !- la popularité de Martine Aubry, à l’inverse, qui a gagné en popularité (depuis son élection) avec 49% (+11 points) de bonnes opinions selon ce même sondage.


Pour autant, l’enjeu pour la maire de Lille et nouvelle Première secrétaire sera autant de se trouver une ligne idéologique claire qu’un positionnement différenciant sur le marché politique. En d’autres termes, l’noif sera de se forger une vraie identité (de marque) lui permettant ainsi de se distinguer facilement des offres concurrentes de gauche type Hamon, Mélenchon ou DSK lequel (loin du PS et de ce tintamarre politique) est (aujourd’hui) considéré par les Français comme le meilleur candidat socialiste pour la prochaine présidentielle : 25% selon un sondage Viavoice publié dans Libération le 08/12. Il lui faudra également soigner la forme et ne plus rester focaliser uniquement sur le fond, au risque (à terme) de ne pas être attractive et force de séduction. - la détermination de Ségolène Royal pour 2012 et par là même la confirmation (une fois de plus) de son statut de marque « présidentiable », laquelle est, malgré la défaite, perçue par les sympathisants socialistes comme la meilleure candidate pour 2012 (30% selon un sondage BVA-Express paru le 25/11). A l’instar de son discours post présidentiel du 02/05/07 évoquant (paradoxalement) « d’autres victoires », Ségolène s’est aussitôt projetée dans l’avenir appelant les internautes « à continuer plus que jamais » la bataille renvoyant ainsi l’image d’une femme politique sereine, déterminée et sûre de son destin.


Certes, Ségolène n’a pas gagné mais vu le contexte elle n’a pas vraiment perdue non plus, d’autant qu’elle a réussi (contrairement à Aubry qui s’est construite à l’appui des alliances) à rassembler 50% (« si ce n’est un peu plus » selon elle) sur son seul nom. Consciente qu’une présidentielle se gagne sur la durée et par une exposition (médiatique et politique) permanente, l’enjeu pour la présidente de région sera de continuer à incarner la jeunesse, la modernité et le renouveau face à l’image traditionnelle du PS incarné par Aubry. Dans ce contexte et sans le soutien, pourtant décisif, du parti, sa structure associative Désirs d’Avenir devrait, dans ces prochains jours, devenir très active réalimentant dès à présent ses réseaux et ses soutiens. A suivre. François B.

Que retenir du congrès de Reims sur la forme ?


Au-delà de l’échec (attendu) et des divisions (annoncées) du congrès de Reims, je retiendrai 4 points : 1/ le choc des images entre un G20 axé sur des problématiques et des enjeux majeurs et un PS centré et obnubilé par une guerre d’égo et de personnes ,2/ l’élection probable d’une femme à la tête du PS (premier parti d’opposition) qui confirme la tendance sociologique qui fait de la femme l’avenir de l’homme politique, surtout dans le contexte actuel marqué par la crise , 3/ l’absence de la candidature de Bertrand Delanöe, pourtant annoncé par les sondages et les médias, comme le successeur naturel de François Hollande. Le maire de Paris a préféré se retirer, rappelant dès lors - par son attitude - un certain Lionel Jospin en 2002. J’ai écrit dans mon livre que les militants acceptent volontiers la défaite mais ne peuvent supporter l’abandon auquel ils préfèrent le courage, la résilience et le panache. De fait, moins crédible, sa côte de popularité aux yeux des militants et des sympathisants risquent de connaître une chute considérable. 4/ la bataille de l’image remportée par une Ségolène Royal cohérente dans son positionnement : hors appareil (n’hésitant pas à arriver la dernière le premier jour et donc à créer l’événement) et émotionnel voire christique en usant (une nouvelle fois) dans son discours des mots comme « chagrins » ou même « offenses » et « pardon » extraits du « Notre Père ». Les médias en raffolent. Par conséquent, Ségolène cristallisera les débats, les passions et donc attirera les journalistes. A vous qu’en avez-vous retenu sur la forme ? François B.