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27 février 2013

Fillon ou l’anti-Sarko.



A l’instar de celle de JF. Copé, l’image de François Fillon a été sensiblement écornée en novembre dernier lors de l’épisode grotesque de l’investiture de l’UMP. Car en plus d’avoir été la caricature de l’homme politique (quête du pouvoir, personnalisation du débat, égo trip, suspicion de tricheries), l’ancien Premier Ministre a aussi incarné la double image de la défaite et de la division réunies. 

Aussi, après le temps stratégique du silence (et donc de la raréfication de sa parole publique), François Fillon se devait de mettre un terme à cette parenthèse réflexive.
- D’abord, parce qu’il se devait de reprendre la parole pour rassurer ses proches et soutiens qui contribueront à coup sûr à nourrir sa dynamique ces prochaines semaines ;
- Ensuite, parce qu’il se devait très vite de redorer aussi son image de marque, à la fois d’homme de proximité et d’homme d’Etat. Exit donc le nombrilisme politique ! François Fillon se lance « à la rencontre des français » dans ce qu’il annonce même être « un Tour de France ». L’heure est donc désormais à l’écoute et au terrain qui donneront lieu à un projet d’ici 2 ans. Le projet donc l’emporte sur sa personne. Enfin!

Mais ce qui est intéressant dans cette séquence de retour médiatico-politique, c’est la posture résolument anti-sarko qui est en train de se déssiner chez François Fillon.
-         D’abord, le tempo. Fillon a décidé de ne pas céder au diktat de l’urgence et de l’instantaneité. Sur ce point donc, Fillon c’est l’anti-Sarko, l’anti « Speedy » comme on l'appelait lors de son passage Place Beauvau. Fillon sait sa marche longue. Aussi, il dit « se préparer » et être « déterminé » commençant intelligemment à installer dans l’opinion sa candidature pour 2017. Fillon prend le temps et date puisqu'il annonce déjà son projet de " dans 2 ans ". Ce qui rappelle au passage le Chirac dans sa version 93.

-         Ensuite, la catégorie du match qui se profile. Une chose est sûre, Fillon ne s’inscrira pas à nouveau dans une guerre fratricide d’avec Copé. Aussi, a-t-il décidé d’installer à droite le seul duel présidentiable qui soit : Fillon vs Sarko. En affirmant dans le Monde être « au même niveau que Sarkozy », Fillon choisit d’ores et déjà de boxer dans la catégorie la plus importante, celle des poids lourds relayant de façon maligne Copé à celle des poids plumes. En ce sens, Fillon devrait prochainement nourrir sa posture d’homme dEtat à l’appui moins de son bilan que de son expérience aux plus hautes fonctions. Il devrait dans le même temps aussi bousculer l'ancien chef de l'Etat. 

1 décembre 2012

«Copé et Fillon incarnent tous deux l'image de la défaite et de la division»

INTERVIEW "20 Minutes" du 30/11/2011.

Que révèle la crise à l'UMP ? «20 Minutes» a demandé à un publicitaire...

Treizième jour de crise à l’UMP, avec la séparation actée des camps des deux anciens candidats à la présidence du parti. L’élection de Jean-François Copé est toujours contestée, alors que François Fillon a créé un groupe dissident de l’UMP à l’Assemblée nationale. Une guerre qui laisse des traces, les cotes de popularité des deux responsables politiques étant en chute libre. Quelle image les deux hommes ont-ils aux yeux des Français? Quelle place pour Nicolas Sarkozy? 20 Minutes a demandé à François Belley, publicitaire et auteur de Ségolène la femme marque, sa vision de la crise.

Deux hommes, deux ambitions, un vote contesté pour la tête du parti...
Que révèle cette crise à l’UMP?

Une remarque générale tout d’abord. Cette crise, c’est un peu la crise des trois «p». Crise du politique, du parti, de la primaire. La première remise en question est celle du politique. L’image de ces derniers est «abîmée», à cause, notamment, d’une ultrapersonnalisation qui frise le narcissisme maladif dans le cas de Jean-François Copé et François Fillon.
La deuxième remise en question est la perte de légitimité et le manque de confiance dans le parti politique. Ce n’est pas nouveau, mais elle apparaît de manière aigue dans cette crise. La troisième remise en question, c’est cette histoire de primaire, qui a été vendue comme un exercice démocratique tant par l’UMP, que le PS en 2008  ou Europe-Ecologie les Verts en 2011. A chaque fois, l’exercice de cette primaire s’est révélé contre-productif et polémique. Ces élections internes semblent être des machines à s’auto-détruire.

Les sondages tendent à révéler que François Fillon bénéficie d’une meilleure image que Jean-François Copé

Je dirais plutôt que c’est un match nul entre eux deux. Ils incarnent tous deux l’image de la défaite et de la division, alors que la politique porte en elle le projet de victoire, de rassemblement et d’avenir optimiste.

L’un et l’autre ont donc, de manière égale, une image négative?
Tout deux en tout cas apparaissent comme une caricature de l’homme politique, qui recherche à tout prix le pouvoir, quitte à faire des magouilles. Ils semblent empêtrés dans une guerre d’égos. C’est une très mauvaise publicité qui dégoûte le public par sa tournure «politique-spectacle». En termes de sondages, la popularité de François Fillon semble mieux résister que celle de Jean-François Copé, mais ce dernier semble plus soutenu par les adhérents UMP. Mais pour le moment, tout cela ne veut pas dire qu’en grand-chose. Mais les dégâts sont grands, tant pour eux que pour leur parti.

Dans cette crise, y a-t-il une rupture de l’image de François Fillon et de Jean-François Copé?
Cela dépend de la personne. Pour Jean-François Copé, qui a promu la «droite décomplexée» pendant sa campagne, il se montre aujourd’hui dur, inflexible, presque rigide. Il y a une continuité dans son image, même s’il paie «cash» ce style. Pour François Fillon, il y a au contraire une rupture. Alors qu’il apparaissait auparavant comme un homme consensuel, plutôt doux, cette crise le révèle sous un nouveau jour. Il n’apparaît plus ni dans le rassemblement, l’éthique ou la dynamique positive en créant un groupe parlementaire dissident. Il paie cette rupture d’image. Par ailleurs, plus la crise est longue, plus l’image des deux hommes devient négative et plus il leur sera difficile de remonter la pente.

Quant à Nicolas Sarkozy qui reste en coulisses, en déjeunant avec Fillon puis Copé, quelle image se façonne-t-il?
En adoptant cette stratégie du silence, alors qu’il a été attaqué pour son omniprésence médiatique pendant son quinquennat, il marque un point. Son image se renforce d’autant plus que le président François Hollande est de plus en plus attaqué. Pendant cette crise, il se grandit et gagne en légitimité, ce qui pourrait favoriser son retour en politique. Mais n’est est écrit ici.

Mais sa médiation entre Copé et Fillon pour un nouveau référendum semble avoir échoué cette semaine…
C’est une autre chose. Alors que François Fillon et Jean-François Copé perdent en «leadership», Nicolas Sarkozy aurait pu apparaître comme sifflant la fin de la partie, avant d’organiser une belle photo de la réconciliation. Cela n’a pas été le cas, l’ancien président n’étant peut-être plus aussi écouté qu’auparavant par les deux hommes. Néanmoins, aux yeux des Français, cette stratégie du silence le renforce, car il prend le contrepied de ce que l’on aurait pu attendre de lui.
Propos recueillis par Anne-Laëtitia Béraud