23 janvier 2011

Interview France 24 "Politique".



Invité de l'émission France 24 "Politique" semaine dernière avec Lech & Revault d'Allonnes, j'ai pu réagir sur une thématique fil rouge du parti socialiste : la recherche de son leadership. Retrouvez le débat ci-dessous. François B.

http://www.france24.com/fr/20110113-ps-aubry-dsk-royal-hollande-primaires-socialistes-presidentielle-partie1

21 janvier 2011

Pourquoi DSK n’a aucune chance pour 2012.


Comme en témoigne actuellement le mystérieux silence orchestré autour d’une possible candidature pour 2012, DSK a donc fait le choix assumé de la stratégie dite de « l’attente » qui vise, tout en créant du désir dans l’opinion, à se positionner au-dessus de la mêlée socialiste pour ainsi gagner de la hauteur et donc conférer, aux yeux des Français, une posture de présidentiable inéluctable. Facile donc.

Pourtant, si cette raréfaction de la parole politique, si chère en son temps à François Mitterrand, a été dans un premier temps incontestablement un atout pour DSK, lui permettant notamment d’humer l’air forcément enivrant des altitudes sondagières, celle-ci va vite devenir, selon moi, un sérieux handicap au moment où il se lancera officiellement en campagne. Et ce pour 2 raisons :

-d’une part, parce que ce silence est en train, à l’appui de sa récente chute de popularité, de créer peu à peu un fossé naturel non seulement avec les sympathisants PS mais également avec les Français. Et donc de le couper sensiblement de sa cible électorale. Aussi, bientôt sur le terrain, au contact des « vrais gens », DSK, déjà peu habitué des campagnes, risque fort bien de payer cher ce positionnement « au-dessus de la mêlée » et donc d’apparaître en décalage, c’est-à-dire loin du « réel » de la rue de Solférino et de la « vraie vie » des Français. En d’autres termes, aux antipodes des préoccupations et des attentes du moment. A vouloir trop tarder, DSK va simplement rater cette fameuse rencontre magique de l’homme avec son peuple, celle dont parlait justement Mitterrand et qui scelle, dit-on, le sort de toute élection présidentielle.

-d’autre part, parce que l’image (perçue tout du moins) de DSK est en parfaite contradiction avec les marqueurs forts constatés dans l’opinion. « Griffe de luxe », de par son passage remarqué au FMI, DSK incarne en effet le candidat « haut de gamme », celui justement du système à l’heure où « le peuple de gauche » aux valeurs encore traditionnelles attend vraisemblablement une sanction symbolique des élites, une dose « d’anti-conformisme » et surtout une vision de société via des prises de position fortes sur des thématiques telles que, crise financière oblige, la mondialisation ou encore la finance.

A moins d’une stratégie radicale à la « Ctrl-Alt-Suppr » qui viserait justement à effacer soudainement de la mémoire collective son appartenance passé au « système », voilà donc les 2 raisons d’image pour lesquelles - pour l'heure - DSK n’a aucune chance, selon moi, de remporter les primaires socialistes en octobre prochain. Car finalement incapable d’incarner "l’homme de gauche" et donc de nourrir l’identité du parti socialiste. Et plus largement de la gauche française. Affaire à suivre. François B.

15 janvier 2011

Hollande ou le candidat de la "raison".


Petites phrases assassines, personnalisation outrancière du débat, luttes d'égo intempestives, force est de constater que l'arrière plan de la carte postale du PS présentée en Janvier à Jarnac est venu assombrir un premier plan unitaire de circonstance pourtant fort bien mis en scène par l'ensemble des ténors à l'occasion du 15e anniversaire de la mort de François Mitterrand.

Paradoxalement, ce contexte, forcément mauvais pour l'image de "marque" du PS, pourrait fort bien profiter à l'absent remarqué de cette célébration, François Hollande, dont l'actuelle progression dans les enquêtes d'opinion attire naturellement l'attention des journalistes. Corollaire de cette percée "sondagière", le député de Corrèze est partout. Aussi, tout est aujourd'hui décrypté : sa nouvelle silhouette, plus fine, sa coiffure aux airs très "chiraquiennes", sa nouvelle image et son style plus dynamiques. Ainsi vont et fonctionnent les médias au gré des "buzz" et des bons produits politiques du moment... Il faut s'y faire.

Mais au-delà de la "com", nécessaire mais pas suffisante rappelons-le pour séduire et gagner l'adhésion des électeurs, c'est la posture et le positionnement de l'ex premier secrétaire qui sont, à mon sens, intéressantes compte tenu du contexte actuel au PS à la veille de ses primaires. En effet, à l'heure où le parti a besoin d'un candidat "normal, grave, stable et rassembleur" (selon les propres termes de l'ex n°1 du parti), François Hollande tend à se positionner comme le candidat de la raison. En effet, entre l'Aubry l'indécise, Royal la déterminée ou encore le silencieux mais éloigné DSK, François Hollande semble incarner de plus en plus le candidat de la synthèse, du compromis entre les 3 premiers, en somme celui de la réconciliation possible entre les différents courants et/ou personnalités de la rue de Solférino.

Parti de très loin (comme un certain J. Chirac en 1995), François Hollande semble donc, à travers ses interviews, se présenter aujourd'hui comme le bon candidat au bon moment. Celui qui ne fait aujourd'hui nul doute sur ses intentions et ambitions présidentielles peut donc, à terme, tout à fait siffler la fin de la récréation des rancoeurs et appeler, à l'appui de thématiques naturellement fortes, "le peuple de gauche" à l'unité et au rassemblement pour la victoire. L'héritier corrézien de Chirac a donc une belle carte à jouer d'autant qu'il possède aux yeux des militants PS une double légitimité : celle de l'authenticité socialiste et de la crédibilité de gouvernance dues à son parcours interne. Un second tour Royal-Hollande n'est donc pas in-envisageable. Parfois, l'histoire offre un clin d'oeil amusant au passé. Affaire à suivre. François B.

12 janvier 2011

Ségolène, fille non cachée de Mitterrand !


Parfois, la seule prononciation d'un nom vous renvoie inéluctablement à une silhouette, à une date, à un événement, à une image forte ou simplement à un mot qui sonne et vous revient comme un refrain. Dans l'Histoire de la Ve République française, c'est évidemment le cas du Général de Gaulle mais également celui incontestable de François Mitterrand qui, de par son évocation, rappelle le souvenir d'un vieil homme à l'écharpe rouge, le 10 mai 1981, la rose (encore) amoureuse de la Bastille, l'image d'Epinal du village et son clocher ou la force tranquille, soit autant d'éléments symboliques qui restent, aujourd'hui encore, ancrés dans la mémoire collective citoyenne. Car quels que soient votre couleur politique et votre degré de sympathie à l'égard de l'homme de Jarnac, force est de constater qu'il est rattaché naturellement à l'image symbolique du Président de la République, du Chef de l'Etat mais aussi, plus intéressant pour notre analyse, incontestablement à celle du leader éternel (du moins jusqu'aujourd'hui) de la gauche.

Ainsi, s'identifier à lui aujourd'hui, s'y référer ou simplement s'en inspirer revient, en réalité, à se réapproprier le mythe et à le faire revivre. C'est justement la stratégie actuelle de Ségolène Royal qui, pour s'installer à nouveau dans son fauteuil d'icône de gauche, n'hésite pas à fusionner à outrance avec l'âme "Mitterrandienne". Aussi, après avoir repris à son compte les images fortes et les expressions chères à François Mitterrand lors de la campagne de 2007 (même lieu symbolique de meeting, intitulé de programme similaire, reprise du slogan campagne, plagiat du discours sur l'argent, même titre de livre "pré campagne" etc... cf: "Ségolène, la femme marque"), la Présidente de région continue, à l'appui des commémorations du 15e anniversaire de la mort, à se positionner comme la seule et naturelle héritière de "Tonton", lui permettant - au passage - de rassurer le "peuple de gauche" dans une certaine continuité attendue par ses sympathisants. Et ainsi de les réconforter indirectement dans l'adhésion et l'attachement à sa "marque".

En flirtant en permanence avec l'âme "Mitterrandienne", Ségolène Royal épouse donc d'une manière indirecte mais consciente la stature d'icône politique. En provenance de celle que l'on surnomme "la fille spirituelle de Mitterrand" et au regard de son parcours, son aura, son mystère et surtout de son indéfectible envie présidentielle, cette identification ne souffre aujourd'hui d'aucun déficit de crédibilité lui permettant ainsi de revendiquer presque exclusivement cet héritage (vs Aubry & co): l'objectif étant d'apparaître, dans l'imaginaire de gauche puis celui des Français, comme le successeur logique de François Mitterrand. Par ailleurs, la politique ayant comme la nature, horreur du vide, Ségolène profite également de cette aura (encore perceptible) pour venir combler le manque de leadership et s'imposer presque naturellement à la tête d'une gauche, orpheline depuis la mort de F. Mitterrand et sans âme depuis le 21 avril 2002. A suivre donc. François B.