27 novembre 2012

Manuel Valls… sur un air de Sarko.


Si l’épisode (décidément trop long) de l’UMP a relégué l’action du gouvernement et de ses ministres au second plan, celui-ci n’aura pas su, en revanche, ralentir l’ascension de Manuel Valls, le seul « produit » attractif sur le marché politique actuel. Alors quels sont les points forts de cette « marque » politique en devenir. Selon moi, la force de l’actuel Ministre de l’intérieur s’explique :

-       - D’abord, par  la cohérence de son positionnement ; l’ancien Maire d’Evry est en effet raccord avec sa fonction de Ministre de l’Intérieur mais également avec sa spécificité historique « à la droite de la gauche ». Costume à sa taille, le nouveau « Monsieur Sécurité » joue un texte qu’il connait donc bien et depuis longtemps. Il fut d’ailleurs répété sous forme d’un ouvrage publié en 2011 et au titre pour le moins ambitieux « Sécurité, la gauche peut tout changer ».
  
     -  Ensuite, par son style très « sarkozien » ; omniprésence sur le terrain, communication verbale stratégique (avec une lexicologie choc pour faire mouche telle que récemment des termes comme « kyste », « mafia », « gangrène » rappelant étrangement la « racaille » et le « karcher » de Sarko) et posture autoritaire (sourire quasi inexistant, mâchoire serrée, sourcil froncé, poing serré et regard parfois noir). De toute évidence, l’ancien chargé de la communication et de la presse au cabinet de L. Jospin (1997-2001) maitrise les médias et a intégré l’importance de l’image dans l’action politique. Chez Valls, la forme est donc avant tout au service du fond.

-          - Enfin, par sa posture « étatique » ; Manuel Valls incarnant en effet « la synthèse » de la gouvernance actuelle. Autrement dit, le Ministre de l’Intérieur adopte les 3 postures fortes que les autres, aux postes pourtant clés, n’ont pas : 1/ la gravité d’Etat, contre l’humour de F. Hollande ; 2/ La fermeté du Chef, contre le manque d’autorité de J.M Ayrault pourtant 1er Ministre ; 3/ la détermination ministérielle contre les effets d’annonces et autres mauvais coups de com d'A. Montebourg.

Aussi, contrairement à tous les autres ministres qui peinent aujourd’hui à exister, Manuel Valls incarne plus que jamais sa fonction. Ce qui le rendrait presque authentique dans sa communication. A date, seul Ministre ultra populaire, il n’est pas étonnant que l’Obs lui ait consacré récemment sa « Une » en titrant « le Vice Président ». Fort probable que cela ne soit qu’une première étape surtout s'il marche sur les pas de Sarko.

6 novembre 2012

Trois conseils à Jean-Marc Ayrault pour réussir son passage au 20 heures de TF1


TRIBUNE LIBRE DANS L'EXPRESS. 


[Express Yourself] L'apparition de Jean-Marc Ayrault ce mardi, au journal télévisé de TF1 de 20 heures, s'inscrit dans un contexte difficile. Non seulement la situation économique est complexe, mais le thème de la compétitivité est un sujet peu accessible et assez éloigné du quotidien des Français. En plus de cela, le Premier ministre souffre d'un triple déficit d'image, que l'on peut qualifier de CSP: c'est-à-dire un manque à la fois de Crédibilité, de Style et de Popularité.
Que peut-il faire pour réussir malgré tout son intervention télévisée?

Allier la forme au fond pour asseoir sa crédibilité

Comme François Hollande rattrapé par la sur-promesse du "changement, c'est maintenant", Jean-Marc Ayrault est en quête de crédibilité. Les "couacs" à répétition du gouvernement et sa difficulté à gérer ses troupes interrogent les Français: est-ce-que l'habit de Premier ministre ne serait pas un peu large pour cet homme-là?
Pour retrouver un peu de cette crédibilité, il va lui falloir incarner son discours. En clair, que la forme serve le fond. On ne peut pas parler de compétitivité sans être offensif. Le choix des mots sera capital et son attitude primordiale. Il faudra donc qu'il ait plus que jamais une posture d'homme d'action, ambitieux, ferme et déterminé. L'enjeu est de prouver ce soir qu'il est l'homme de la situation.

Ne pas lésiner sur l'affect pour imposer son style

A la différence de Manuel Valls qui a su très vite imprimer sa marque et être identifiable, le Premier ministre manque aujourd'hui de style. On ne parvient pas bien à le positionner dans l'offre politique actuelle.
Au fond qu'est-ce qui le différencie des autres? Le Premier ministre est souvent qualifié de "trop froid", "trop rigide", "trop distant". Il doit plus que jamais intégrer de l'émotion à son discours, au risque de connaître très vite le syndrôme Jospin, qui préférait jadis trop l'intellect à l'affect. Dans une période de crise sans précédent, les Français ont certes besoin de leadership et de vision, mais aussi de passion. Autrement dit, d'un homme qui crée l'adhésion et fédère autour de lui. Jean-Marc Ayrault va devoir susciter un élan, une dynamique pour imposer son propre style. Et vite.

S'installer au premier plan médiatique, pour relancer sa popularité

Jean-Marc Ayrault a encore perdu 7 points de popularité, selon le dernier baromètre TNS Sofres/Le Figaro Magazine du mois de novembre. Ce JT n'est pas une fin en soi mais il doit plutôt se voir comme le début d'une "séquence Ayrault". Le Premier ministre doit reprendre la main sur le tempo médiatique, et faire de ses annonces de véritables séquences politiques fortes en les illustrant symboliquement sur le terrain.
Comme le sujet est complexe et que le medium télévisuel ne permet pas tellement d'être pédagogue, il conviendra surtout de multiplier ce soir les formules et les images fortes pour convaincre. L'explication viendra après.