26 novembre 2009
La marque « Ségolène » en phase de déclin.
Après la phase de croissance de 2006 puis celle de la maturité observée en 2008 lors de la séquence post présidentielle, la marque « Ségolène » connaîtrait-elle actuellement sa phase de déclin ? C’est la question que l’on est en mesure de se poser aujourd’hui au regard du dernier sondage de l’Observatoire de l’opinion LH2 publié le 23/11 par le Nouvel Obs à travers lequel nous pouvons constater une érosion indiscutable de l’attractivité de l’ex candidate sur le marché politique. Alors qu’en retenir ? Que 46% des sondés (de gauche comme de droite) pensent qu'elle n'a plus aucune chance d'être la candidate socialiste à la présidentielle. A la veille des régionales, la marque « Ségolène » traverse donc une crise qui la place dans une situation délicate à la fois vis-à-vis de l’opinion mais également à l’égard des sympathisants de gauche, lesquels ne sont plus que 30% à voir en l’actuelle présidente de région celle qui peut in fine les représenter.
Dans ce contexte, comment peut-elle donc redresser la barre de façon stratégique en vue de 2012 ? A mon sens, en retrouvant simplement ce qui faisait sa force et sa valeur ajoutée en 2006, lors de sa fulgurante ascension médiatico politique.
- d’une part, Ségolène Royal doit se placer à nouveau en véritable opposante face à Nicolas Sarkozy pour imposer dans l’opinion l’évidence d’un nouveau duel pour 2012 et par conséquent, légitimer sa candidature. Autrement dit, gagner à nouveau en compétitivité présidentielle pour s’inscrire dans la dynamique de Villepin et DSK, probables présidentiables donc concurrents sérieux.
- d’autre part, l’ex candidate doit, à mon sens, s’affranchir sérieusement des conflits (qui ont terni ces derniers temps son image de marque) et retrouver son code éthique et déontologique qui faisait sa différence en 2006. Rien n’est plus catastrophique en effet que le décalage d’image. L’épisode conflictuel avec Vincent Peillon est venu, à ce titre, brouiller un peu plus son image.
- enfin et surtout, la présidente de région doit redonner du contenu à sa « marque » c'est-à-dire retrouver une certaine attractivité politique (et donc du crédit), laquelle se gagne inévitablement en faisant des propositions innovantes et concrètes, si possible en cohérence avec les attentes et les préoccupations des Français. En somme, imposer et mener personnellement le débat dans une séquence de crise où les Français demandent à la classe politique d’être force de propositions, inventive et pro active. Pour Ségolène Royal, il s’agit donc de retrouver la dynamique de son élan participatif de 2006. A suivre de près donc. François B.
17 novembre 2009
L’épisode de Dijon : un air de déjà vu.
Que Ségolène Royal profite des « rencontres du rassemblement social, écologique et démocrate » pour créer, par sa seule présence, à nouveau l’événement et ainsi marquer son retour n’est pas vraiment étonnant en soi tant la présidente de région, à l’imprévisibilité aujourd’hui si… prévisible, a toujours su attirer l’attention des Français pour exister dans la sphère politique. La formule « Royal » est d’ailleurs aujourd’hui bien connue (d’Eric Besson, notamment en ce moment, j’y reviendrai dans un prochain post), laquelle consiste à cristalliser en permanence le débat politique pour exister médiatiquement. Autrement dit, « faire scandale » pour faire « l’actu » pour ainsi avoir un temps d’avance. Et devenir, à terme, incontournable : quand on ne parle que de vous, on ne parle en effet plus des autres. Dans ce schéma, l’image de l’homme politique est alors autant déterminée par son écriture médiatique que par le contenu de ce qu’il dit.
Aussi, la venue ce week-end de Ségolène Royal (préparée imagine-t-on de longue date par son staff de communication), ne relève pas, à mes yeux, d’une réelle surprise. En baisse significative dans les sondages depuis un moment, Ségolène Royal était en recherche de visibilité, qui plus est à quelques mois de la cruciale étape des régionales. Un « coup » à forte résonance médiatique devait donc naturellement s’imposer. Pour marquer des points et les esprits.
Ce qui est plus étonnant, en revanche, c’est l’attitude naïve, suis-je franchement tenté d’écrire, des responsables socialistes, ancrés, une nouvelle fois, dans une posture négative, critique voire violente à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Pourquoi une telle réaction à l’égard d’un leader et un tel sentiment de rejet pour celle que l’on dit désormais « seule », « isolée », « en marge du parti » et qui ne fait, finalement, que s’inviter à une réunion d’un courant qu’elle a, elle-même, créé ? Au-delà de l’aspect politique et du choc des égo, les Français sont en, en effet, en droit de se poser la question.
En critiquant vivement Ségolène Royal et en faisant preuve d’un tel ostracisme à son égard (dans une journée rappelons-le dont la promesse était « le rassemblement »), les responsables socialistes n’ont, en réalité, fait que renforcer la singularité de la présidente de région et creuser un peu plus le fossé qui les sépare. Nous revoilà donc (et pas par hasard) dans le même schéma qu’en 2006 lorsque la présidente de région était attaquée sur son statut de femme. Avec d’un côté, Ségolène Royal, la « joyeuse » victime, au-dessus des partis et loin de toute politique politicienne (« il n’y a aucune place entre nous pour les attaques personnelles » répète-t-elle). Et de l’autre, les membres de l’appareil (tel Vincent Peillon), incarnant (de fait) la vieille politique empreinte d’arrogance, de mépris et de distance. Refusant les querelles politiciennes, justement celles dont les Français (et a fortiori le « peuple de gauche ») ne veulent plus, Ségolène Royal se distingue, une nouvelle fois, par la teneur de son message aux antipodes du refrain agressif et archaïque des membres du parti (« je te pardonne pour cette fois mais la prochaine fois, tu ne seras plus là » dira-t-elle à propos de V. Peillon). L’objectif est clair : s’éloigner de la logique de l’appareil et marquer un peu plus sa différence. Toujours et encore.
Après les éléphants DSK et Fabius en son temps, Vincent Peillon s’est donc fait piéger (bêtement) par une Ségolène Royal qui n’en attendait pas tant. Que se serait-il passé, en effet, si l’ex candidate avait été accueillie au même titre que les autres ? Avec le même esprit d’ouverture. Y aurait-il eu le même bruit médiatique. Je ne le pense pas. Décidément, le PS (dans ses instances dirigeantes) manque franchement d’esprit stratège à l’égard de l’ex candidate à la présidentielle. Une relecture de Sun Tzu serait de bon augure. François B.
3 novembre 2009
Sarkozy vs Villepin : le duel idéal pour 2012.
Connaissez-vous la recette d’une course de chevaux réussie ? Montrer des jockeys au coude à coude jusqu’au franchissement de la ligne d’arrivée afin d’assurer le spectacle. Vous remplacez les jockeys par des candidats et vous obtenez la réussite d’une élection présidentielle. Ce que les américains appellent le principe de « horse-race politics ».
Depuis 1965, le script de l’épisode pré-présidentiel (c’est-à-dire avant le lancement officiel de la campagne) est peu ou prou toujours le même. Il y a d’abord une première phase qui voit l’émergence de deux prétendants constituant a priori le duel inévitable de l’élection à venir. Soit l’affiche à laquelle s’attendent naturellement les Français et celle pour laquelle se passionnent les médias puis, par extension, l’opinion. A titre d’exemple, c’est le match De Gaulle/Mitterrand en 1965, Giscard/Mitterrand en 1974, Chirac/Balladur en 1995 ou Royal/Sarkozy en 2007. Puis, pour maintenir l’intérêt autour de l’événement phare de la vie politique française, une deuxième phase se dessine avec l’apparition de ce qu’on appelle le « troisième homme » (l'outsider pour rester dans le jargon equestre) : celui d’où peut venir (paraît-il) la surprise et qui relance l’intérêt pour l’élection. C’est Lecanuet en 1965, Barre en 1988, Chevènement en 2002 ou encore plus récemment Bayrou en 2007. Des candidats qui, dans les sondages, finissent au mieux par stagner, au pis, par chuter au moment de l'obstacle de la cristallisation de la campagne. A moins de trois ans de l’élection présidentielle de 2012, la France tiendrait-elle alors son affiche idéale ? Son « classico » comme on dit au football ?
A mon sens, tous les ingrédients me semblent réunis pour faire de « Sarkozy vs Villepin » le duel idéal en vue de 2012. Une affiche qui risque, à ce titre, d’être rapidement amplifiée par les médias et vite pré testée par les différents instituts de sondages dans les prochaines enquêtes d’opinion. Et ce pour plusieurs raisons :
- d’une part, parce que Dominique de Villepin, en fin stratège, orchestre son retour (depuis déjà quelques mois et de façon intéressante) sur le devant de la scène politique. En témoigne en effet le lancement, sur le web, des sites de soutien comme clubvillepin.fr et villepincom.net ; l’organisation de réunions publiques (comme celle du 27 octobre dernier à la Maison de l’Amérique Latine) ou encore la publication d’un ouvrage « le dernier témoin » (Plon) au titre pour le moins évocateur et révélateur d’une ambition ;
- d’autre part, parce que Dominique de Villepin se positionne et se « considère clairement comme une alternative à Nicolas Sarkozy ». De par son parcours politique, il en a incontestablement la carrure. Une position d’autant plus crédible qu’à gauche l’opposition est pour l’heure inexistante. Dès lors, le rôle de premier opposant est à prendre. La nature a horreur du vide. Et la politique n’est qu’affaire d’opportunisme. L’affaire Clearstream aura, à ce titre, permis à Villepin de se positionner en ce sens.
- Troisième et dernier élément, parce que, sous fond du long feuilleton judiciaire qui se trame, l’affiche « Sarkozy vs Villepin » semble être du pain béni pour les médias, lesquels devraient rapidement faire de ce duel le match (politique) « choc » à ne pas manquer. Celui qui assure le spectacle et garantit à la presse une certaine attractivité. Pour le coup, le casting est en effet atypique : deux quinquas à la personnalité iconoclaste, issus de la même formation politique (UMP), qui se détestent (même s’il n’y a publiquement pas de « rancœur ») et qui incarnent deux conceptions différentes du pouvoir (« J’ai des idées différentes sur la laïcité, l’indépendance de la justice, le pacte républicain, la politique étrangère » a déclaré l’ancien Premier ministre).
Nous voilà donc dans cette première phase qui semble vouloir nous « imposer » le futur duel de l’élection présidentielle. Reste pour l’heure une interrogation de taille. Dominique de Villepin pourra-t-il exister politiquement sans l’aide financier, la logistique, le réseau et le soutien militant d’un parti ? Difficile. Mais, paraît-il, la politique est à réinventer. A suivre donc. François B.
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